vendredi 13 novembre 2009

La mise à mort du travail en (habit de) lumière

Je viens de finir de regarder le triptyque "La mise à mort du travail", de Jean-Robert Viallet. A la fin de ces 3h d'émission, la douleur et la nausée sont les principales émotions que je ressens, à l'égard d'un système qui broie et dont un point essentiel est de faire adhérer ses victimes à son fonctionnement.



La Mise à Mort du Travail 1 : La Destruction :
Cette première partie se centre sur la souffrance au travail, physique et psychologique… Du coté physique, il s'agit des TMS ou Troubles Musculo-Squelettiques dus à des gestes mille fois répétés, pour l'exemple par les caissières de supermarché, transformées en machines à enregistrer des prix simplement parce que fabriquer une machine spécialisée doit pas encore être assez rentable. De l'autre côté, nous avons les souffrances psychologiques dues à la fois au mépris actuel pour le travail en tant que tel mais aussi aux diverses formes de harcèlement moral que peut subir l'employé. Dans ce cas, il s'agit toujours des caissières, virées semble-t-il à l'aide d'un stratagème scandaleux, mais aussi de cadres car ce mal n'épargne aucun échelon.

La Mise à Mort du Travail 2 : L'Aliénation :
Ici, on s'intéresse au paradoxe du middle management, qui, contrairement à ce qu'on lui fait miroiter à l'embauche n'est qu'un fusible du type «faire passer les ordres
ou sauter». On y évoque aussi la pantalonnade malsaine de l' «amour corporate» (qui exige d'un salarié qu'il aime son entreprise, qui ne lui donnera rien en échange que la chance de ne pas se faire virer), ainsi que les superbes techniques de recrutement dont le but est de repérer et recruter les chômeurs prêts à marcher sur la tête de leurs semblables pour 30 deniers mensuels.

La Mise à Mort du Travail 3 : La Dépossession :
Ce dernier volet exhibe enfin le «monstre» en tentant d'expliquer d'où provient tout ce fleuve de larmes que sont les conditions de travail. D'une part, une autre pièce est versée au dossier, a savoir le «toyotisme», qui n'est rien d'autre que le pinacle du «fordisme» car contrairement à ce dernier qui imposait, la nouvelle organisation fait miroiter à sa «victime» que ses conditions de travail vont s'améliorer. Or on sait que ce n'est pas vrai : l'idée de départ est de booster la production et, au travers de celle-ci, le profit. Quand l'employé trouve un truc pour faire vite et mieux, il ne fait que se pourrir la vie car la cadence va augmenter, héhé. Et la cadence augmente pour un profit qui ne revient pas ni au salarié ni même au patron mais aux fonds d'investissement qui ont fait des opérations légales financières à haut rendement qui se fichent totalement des entreprises vampirisées et dont la réussite est conditionnée par le pressage, tel du raisin, de l'entreprise, avant revente à un autre vautour. Qui se paiera lui aussi sur la bête… Jusqu'à ce que mort s'ensuive (mais y'a aussi des sous à se faire sur le dépeçage). Un coda intéressant à cette exhibition est la littérature abondante expliquant et célébrant ce mépris de l'homme et du travail pour ne vanter que réussite individuelle au mépris du groupe qu'est une civilisation. Je suis d'accord avec le dernier intervenant qui contemple l'idée que notre civilisation est sur sa pente descendante, en décadence.

Pour limiter les TMS dus à l'usage d'un clavier, ce message a été rédigé sur un clavier bépo

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