vendredi 25 juin 2010

Guide d'accès à l'Internet - Edition 2025

Ce petit lien (dans la langue de Goethe quand il écrivait à des potes aux États-Unis) vous permet d'avoir un aperçu de comment sera l'Internet du futur si les grosses corpos et les gouvernements, tous ces groupes pour qui la possession d'un cerveau devrait être rendue illégale, arrivent à leurs fin via des traités et des lois comme Hadopi et ACTA en pavent la loi.

Bonne lecture :
http://blogoscoped.com/archive/2010-06-24-n15.html

jeudi 10 juin 2010

Tout bon anarchiste se devrait d'être nudiste

Et c'est ici que je perds mes rares lecteurs. Hihihi. 


Et le tisserand dit : "Parlez-nous de Vêtements"
Et il répondit : Vos vêtements dissimulent beaucoup de votre beauté, mais ils ne cachent point ce qui n'est pas beau.
Et bien que vous recherchiez en vos habits le sceau de votre liberté, il se peut que vous y trouviez un harnais et une chaîne.
Puissiez-vous accueillir le soleil et le vent avec plus de votre peau et moins de vos vêtements.
Car le souffle de la vie est dans le soleil et la main de la vie est dans le vent.
Il en est qui disent: "C'est le vent du nord qui a tissé les robes que nous portons".
Et je dis : Oui, c'est le vent du nord, mais la honte fut son métier et l'amolissement des tendons son fil.
Et son travail achevé, il rit dans la forêt.
N'oubliez pas que la pudeur n'est qu'un bouclier contre l'oeil de l'impur.
Et quand l'impur ne sera plus? Que sera la pudeur sinon une chaîne et une souillure de l'esprit?
Et souvenez-vous que la terre se réjouit de sentir vos pieds nus et que les vents joueraient volontiers avec vos cheveux.
 
~Kahlil Gibran.

Si j'en crois Chomsky, "l'anarchisme est un mouvement de la pensée et de l'action humaine qui cherche à identifier les structures d'autorité et de domination, à leur demander de se justifier et, dès qu'elles en sont incapables, ce qui arrive fréquemment, à tenter de les dépasser."

A partir de là, on peut se poser la question du vêtement lorsqu'il n'est pas indispensable (pour se protéger du froid, d'éraflures, ce genre de choses). Dans ce cadre précis, la structure d'autorité et de domination est bien pire car elle n'est pas directement identifiable : c'est notre éducation, c'est la pression de nos pairs. La loi n'en est que le reflet. Les naturistes le prouvent depuis plus de 100 ans, oui, on peut dépasser cette structure de domination et d'autorité qu'est le vêtement.

De mon point de vue personnel, dans un sens de civilisation, je suis de la même opinion que la constitution espagnole actuelle : les gens devraient avoir la liberté vestimentaire. Et dans l'idéal, personne ne prêterait attention au vêtissement des autres. Et c'est là que se situe l'essentiel du problème. Le problème est que notre propre comportement à nous, et reflété dans notre société, est de juger les autres et de vouloir forcer tous les autres humains à se rallier à une normalité qui est "ce que je fais moi". Bref, on juge et condamne, naturellement et inconsciemment, les comportements qui ne sont pas les nôtres.

Ecoutez-vous parler, des fois. Il m'arrive des fois de dire des horreurs qui me répugnent après coup, mais qui sont parfaitement acceptées dans notre société : rire d'une personne habillée différemment, évoquer les tatouages, les strings qui dépassent des pantalons, le maquillage, peu importe, d'un autre être humain de manière négative. Au final, on génère, nous même, une pression sociale, sans s'en rendre compte, répugnante de condescendance, de mesquinerie, de violence. Dire d'une nana légèrement vêtue "c'est un appel au viol" : et quoi ? Tous les êters humains sont des violeurs en puissance ? Quelle médiocrité de notre propre espèce. Il faut croire que la haine profonde, inconsciente parce que atavique, du corps humain est fondamentale. On se plaint souvent, aussi, de la surutilisation des corps de femmes dénudés pour vendre n'importe quoi, du slip à la photocopieuse. Mais ce n'est pas vraiment l'usage, qui est condamnable, que le fait que cela marche. Tant que les gens réagiront positivement à ce signal, les pubards continueront de l'utiliser. Eduquer un pubard, c'est vouloir éduquer un pied de chaise. Par contre, je garde espoir qu'on puisse un jour enseigner à la population que tout le monde est fait d'une tête, deux bras, deux jambes, un torse et un sexe. Tout le monde. Ce n'est finalement que le refus insconscient de ce fait qui amène le résultat actuel, avec une population plus que jamais mal dans sa peau, qui ricane bêtement ou hurle ou mate ou proteste dès que y'a un bout de peau qui dépasse ou un bout de tissu pas à sa place (d'ailleurs, le bout de peau qui provoque change régulièrement au cours de l'histoire).

C'est avec ces idées en tête, et l'abondante littérature anarchiste au sujet du nudisme, que j'ai abordé ce livre.





Le Bonheur D'Être Nu : Le Naturisme, Un Art De Vivre, de France Guillain
chez Albin Michel
ISBN n°978-2-226093-54-7

Le bouquin de France Guillain, pour aussi enthousiaste qu'il soit, est écrit de manière lisible, avec des chapitres découpés clairement. Elle y retrace à la fois sa propre vision du naturisme (qui pousse plus loin la réflexion sur la nudité avec des considérations d'hygiène de vie), mais elle part parfois dans des considérations assez annexes, ou des assertions avec lesquelles j'ai du mal à être d'accord.
Toutefois, la totalité est intéressante à lire et réponds à pas mal de questions que j'ai pu me poser sur le sujet. Elle répond principalement aux questions sociologiques (pourquoi ? comment ?) et aux questions que les gens se posent quand le sujet est abordé (questions généralement posées avec force ricanements).

Au final, le bouquin m'a apporté des réponses, certes, mais n'est guère qu'un point de départ sur ma réflexion alimentant le début de ce message, c'est à dire notre comportement de meute en matière de juger négativement ceux qui sortent de notre groupe. On nous as éduqués à ne pas juger certains critères (couleur de peau, religion, etc.) mais il nous reste un long, très long chemin à parcourir pour ce qui est d'arrêter, tout simplement, de juger les autres sur leur vêtement et leurs caractéristiques physiques. Aussi bien positivement que négativement, d'ailleurs. Non, un mec en costard de marque n'est pas forcément un type bien/riche/agréable, par exemple. Mais la tendance actuelle de vouloir servir de publicité ambulante à des logos relève du même mécanisme : "je suis ce que je porte".
Bref, il me semble que tout anarchiste devrait sauter le pas. Sans forcément adhérer à la totalité des valeurs naturistes, qui ont parfois des vieux relents d'angélisme désuet.

Mais, ô mes rares lecteurs, la prochaine fois qu'il vous prendra l'envie de pester contre un dénudement ou ricaner du vêtement d'une personne, posez-vous quelques questions sur vous-mêmes. "De quel droit est-ce que je me moque d'un autre être humain ?" "Si je peste, n'est-ce pas que ce dénudement m'a fait réagir ? Pourquoi ?"

mardi 1 juin 2010

Une histoire, 3 Adolfs

Au départ, je ne pensais pas en faire un billet, je l'avoue. Après tout, je l'avais achetée par curiosité, comme une simple bande dessinée "loisirs" ayant décidé de me concentrer ces temps-ci sur des lectures 'légères'. J'avise dans un rayon manga une jolie édition, et j'avais toujours souhaité découvrir cet auteur dont on m'avait souvent vanté le génie.
Léger ? Je ne m'étais jamais autant trompé de toute ma vie. Et je certifie : Osamu Tezuka est un génie de la BD. Son Histoire des 3 Adolfs en est la preuve. Quelle baffe, bon sang ! Ce n'est pas souvent qu'arrivé à la fin d'une BD j'ai un sentiment pesant d'une grande tristesse face à la souffrance des divers protagonistes de cette histoire, qui devient de plus en plus sombre au fur et à mesure qu'elle avance (en même temps que l'Histoire).

Revenons sur l'histoire. En 1936, à l'occasion des jeux olympiques de Berlin, un jeune reporter japonais, Sohei Togué, va récupérer de son frère des documents prouvant l'ascendance juive de Hitler. Son frère meurt à cause de ces documents, et Sohei jure de le venger en usant de ces documents. Les documents sont le McGuffin qui va créer toute l'histoire : plein de monde les recherchent, ils changent de main, disparaissent, réapparaissent, etc. A coté de Sohei, nous suivons aussi les aventures de deux gamins qui se jurent d'être amis pour la vie. Ce sont tous les deux des membres de la communauté allemande vivant à Kobé. Le premier s'appelle Adolf Kauffman et est germano-japonais. Son père l'inscrit, contre son gré, à l'Adolf Hitler Schule afin qu'il devienne un cadre du parti. Lui ne veut pas parce que son meilleur ami, Adolf Kamil, est un juif, le fils du boulanger.
Dans une histoire assez complexe, mortifiée par le déroulement de l'Histoire, les nombreux personnages de cette histoire vont se croiser, se recroiser, s'affronter, s'apprécier, vieillir, se marier, souffrir beaucoup.

On y voit comment Adolf Kauffman, un enfant idéaliste fort attachant, devient un monstre froid, fanatisé et aussi dément que son chancelier. Du point de vue du lecteur, on y découvre aussi un angle complètement ignoré par nous français de cette guerre, à savoir toute la partie Océan Pacifique et la manière dont ont été vécu les événements par la population japonaise, rarement traitée en cours d'Histoire. Au-delà de l'excellent scénario que Tezuka nous sers, au travers de personnages profonds, la partie historique est passionnante. En plus, ces ouvrages contiennent une partie "exégèse" où deux auteurs reviennent sur les éléments historiques abordés dans les livres.

Tezuka, malgré son trait simple, rond et gentil, évoquant un peu Tintin et Disney, nous sert une histoire d'une noirceur fuligineuse (j'ai pas souvent l'occasion de le placer, tiens, cuilà). A chacun des quatre volumes la vie des personnages descend un peu plus dans l'horreur, même s'ils ont droit à quelques moments de bonheur. De temps en temps, Tezuka introduit un gag ou deux afin d'alléger le propos, heureusement. Une fois fermé les livres, il m'a fallu faire une longue pause, pour absorber le choc que je venais de prendre.

Incroyable. Je confirme : Tezuka est un génie.
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L'Histoire des 3 Adolfs de Osamu Tezuka
4 volumes chez Tonkam
ISBN n°978-2759501380