lundi 8 novembre 2010

Sur la désobéissance civile - manuel & interview

 J'avais promis un billet sur la désobéissance civile, le voici donc.

Le concept de désobéissance civile n'est pas nouveau. En effet, Thoreau, Gandhi, Martin Luther King en ont été les pionniers, désobéissant à l'autorité, de manière civile (à prendre au sens de "courtois", "pacifique", "civilisé",...). Greenpeace, Sortir du Nucléaire, les Faucheurs Volontaires, Casseurs de Pubs, etc. sont des associations qui pratiquent la désobéissance civile. En gros : ils connaissent la loi et pour faire avancer leurs idées, ils vont braver cette loi, quitte à en subir les conséquences, tout en tentant de mettre l'opinion publique de leur coté.

C'est quelque chose d'extrêmement difficile, d'extrêmement courageux. Il ne faut pas croire, cependant, que tout leur réussit ou que seuls des gens "bien" pratiquent ce type d'action (j'en veux pour exemple les "désobéissants fiscaux", brrrr !).

Certains ont beaucoup pratiqué la désobéissance civile et sont capables d'organiser des actions impressionnantes. Afin de partager la longue expérience acquise dans toutes ces actions, l'un d'entre eux a rédigé un manuel clair et concis pour apprendre à entreprendre correctement ce genre d'actions. Et c'est donc le :


Petit Manuel De Désobéissance Civile A L'Usage De Ceux Qui Veulent Vraiment Changer Le Monde de Xavier Renou
chez Syllepse
ISBN n°978-2-84950-232-7

Ce tout petit ouvrage contient tout ce qu'il est nécessaire de connaître pour :
- comprendre la notion de désobéissance civile
- comment organiser une action de ce genre
- comment contrôler et organiser le déroulement de l'action
- comment gérer l'après (opinion publique, médias, éventuellement prison)
Le tout en gardant à l'esprit que le but est quand même d'obtenir des résultats (directs ou indirects via l'opinion publique). Un très bon petit manuel. D'ailleurs, les quelques rolistes qui me lisent devraient eux aussi le lire, dans l'idée de concevoir des scénarios pour leurs jeux contemporains.


L'auteur organise parallèlement des stages de formation à la désobéissance civile, un peu partout en France
~=o0o=~
Et j'ai une surprise.

Mon billet sur le nudisme et l'anarchisme avait été pas mal lu et, dans le cadre de la thématique sur la désobéissance civile, j'en ai profité pour contacter les gens de l'APNEL, l'Association pour la Promotion du Naturisme En Liberté.
Les gens de l'APNEL pratiquent la désobéissance civile puisque, d'une manière absolument civile, ils choisissent délibérément de désobéir à la loi (plus exactement à une certaine lecture de la loi) en organisant des actions, telles que les "randonues" : des randonnées en pleine nature, nus. Je les ai contactés pour une interview dont voici le compte rendu (ne possédant pas de dictaphone, il s'agit de la retranscription de mes notes dans un simple cahier, on m'excusera donc pour leur coté pèle-mêle).

Cet entretien a été réalisée par mail ainsi que lors d'une randonue à l'orée de Fontainebleau, dans les bruyères en fleur d'un coin isolé à deux pas du GR1. Lors de mon contact avec l'APNEL, Jacques & Sylvie m'ont gentiment invité à participer à un bivouac et randonnée naturistes. Je n'avais guère pratiqué que sur quelques plages, mais je suis quelqu'un de curieux qui aime expérimenter les choses dont il parle, aussi ai-je volontiers accepté le baptême proposé.
C'est ainsi que par un superbe samedi d'août en milieu d'après midi j'ai tombé mon short, non sans appréhension, au milieu de la nature, avec 8 autres personnes. Nous étions 4 hommes, 4 femmes et un enfant, la parité était donc respectée. Nous avons marché sur un petit chemin au milieu des arbres et des bruyères, avant de nous poser dans une clairière de sable fin. La lune presque pleine (gibbeuse, donc) éclairait comme un phare la bruyère en fleurs tandis que nous devisions autour de la lampe à acétylène.
Cette expérience, ma foi agréable, m'a permis de répondre beaucoup de questions que je me posais sur le naturisme mais il faut bien comprendre qu'au bout de dix minutes la nudité de tous est une information finalement complètement secondaire.  On n'y prête rapidement plus attention, reste surtout la balade...



Je ne me pense cependant pas prêt à baguenauder ainsi régulièrement : j'ai encore des réticences personnelles, même si tout s'est très bien passé et dans une ambiance sympathique. En tout cas je comprends à présent très clairement ce que recouvre l'expression "banalisation de la nudité" : en effet, au bout de dix minutes, on s'en fiche. Et on fait une jolie randonnée dans un coin sympa. Pourquoi faire tout un fromage de quelques bouts de tissu ?

Mise à jour mai 2011 : l'interview a été reproduite dans le magazine en ligne des naturistes québécois dont le numéro est consultable au bout de ce lien.