lundi 20 décembre 2010

Le dernier bouquin de l'année

Pour cette fin d'année, un billet sur un livre un peu déprimant. Malcolm Beith est un pigiste qui a essayé d'approcher le plus célèbre des chefs de cartel en activité, à savoir Joaquin Guzman, dit "El Chapo", et il dresse dans ce livre l'historique de la montée en puissance des cartels mexicains, de leurs guerres internes, de la guerre avec les gouvernements mexicains et américains, et de l'effet général de tout cela sur la population.

Et cet historique est triste. Et violent. Triste parce que, au global, le combat semble sans issue et perdu d'avance. La quantité d'argent en jeu est si phénoménale que les cartels ont les moyens de s'offrir cent fois les hommes politiques et les politiciens dont ils ont besoin pour se protéger de la loi. Et si vient un type décidé à tenir son serment, il finira le corps criblé de balles ou découpé en morceaux après quelques maigres victoires : la guerre contre la drogue a fait des dizaines de milliers de morts au Mexique. Corruption à tous les étages, démission générale, population soutenant parfois les criminels, le tableau est d'une noirceur de charbon. Ce qui ressort le plus de tout cela, c'est le pouvoir de l'argent, et de sentir qu'avec des chèques assez gros et nombreux le même drame pourrait survenir dans n'importe quel pays.


En termes d'écriture, si le livre est intéressant et bien écrit, il reste aussi anecdotique, dans le sens où le contenu manque de chiffres et de traitement en profondeur. Ce qui le rend certes facile à lire, mais il aurait été intéressant d'avoir plus d'information sur les actions  gouvernementales mexicaines et américaines, qui ne sont traités, hélas, que d'une manière finalement légère donnant l'impression d'un poulet sans tête, qui court à l'aveuglette en attendant de s'effondrer. Or, malgré la corruption à grande échelle, la vision d'ensemble existe. D'ailleurs, certains acteurs envisageant des choses à grande échelle sont présentés, mais toujours via l'anecdote. C'est un peu dommage, donnant un aperçu des choses par petites touches concentriques plutôt qu'une grande fresque. Un autre petit reproche, c'est le sentiment d'une légère fascination de l'auteur pour Guzman, mais cela reste léger.

Un livre intéressant, aux informations récentes (début 2010) qui mérite d'être lu, mais qui mériterait d'être accompagné d'un ouvrage plus dense. En même temps, je réclame, je réclame, mais je suis pas sûr que j'aurais eu le courage de lire un ouvrage dense sur le même sujet, hihihi.

The Last Narco par Malcolm Beith (blog)
en anglais chez Penguin
ISBN n°9780141048390

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