lundi 19 décembre 2011

Une idée de cadeau de Noël

J'ai eu un* beau cadeau de Noël en avance, alors je vous en fait part. Il s'agit d'un joli ouvrage carré, plutôt bien dessiné, intitulé "Petit livre de la cinquième république".


Cet ouvrage couvre tous les petits et grands événements de la cinquième république (en fait d'un peu avant, les "événements" d'Algérie sous Coty, jusqu'à hier - quand la première dame de France a mis bas et le doigt d'honneur à l'assemblée nationale d'Emmanuelli). Organisé par années, chaque année reçoit quelques pages où chaque événement reçoit une brève notule illustrée qui recrée, au travers d'une vaste mosaïque, l'immense paysage d'Histoire qui forme la France d'aujourd'hui.
Cet ouvrage est vraiment passionnant, et à ranger dans sa bibliothèque à coté de l'excellent:
Le premier bouquin vous permet de réviser l'histoire de la Vè. Celui-ci vous donne un best-of des dessins du palmipède semaine après semaine. C'est un très bel ouvrage, de superbe facture, qui se déguste comme un vieux cognac.

Petit Livre de la Cinquième République d'Hervé Bourhis, ISBN n°978-2-205-06799-6
La Vè République en Images, du Canard Enchaîné, ISBN n°2352040701

* : en fait, deux. Mais l'autre était un Polaroïd, ce qui est sans rapport avec le sujet qui nous occupe.

lundi 21 novembre 2011

Haarlem globe trotter

Pour continuer dans l'univers de la bande dessinée sur base historique, j'ai envie de vous faire découvrir la magnifique bande dessinée Jéronimus. Ce tryptique a ses planches réalisées en peinture, permettant d'appuyer d'une certaine manière le lieu et l'époque, le sujet et l'histoire, puisqu'il s'agit de la renaissance flamande, période faste du commerce international des Pays Bas.



On y suit les aventures de Jeronimus Cornelisz, un personnage assez malsain, apothicaire aux accointances hérétiques et mibertines mal vues, qui s'engage sur un bateau afin de fuir Haarlem et la Hollande et un passé qu'il trouve lourd, du fait de ses accointances (fort discutées historiquement), de sa faillite et du décès de son bébé. Par un jeu de circonstances où Jeronimus finit par se lier d'amitié avec le capitaine de son bateau, le Batavia, il organisa avec l'aide d'un petit groupe de partisans une mutinerie, mais avant de lancer l'opération, une tempête amena le navire à faire naufrage.

Il finit par prendre la tête des 300 survivants et dans les circonstances extrême de survie où ils se trouvaient, organisa un règne absolument sanguinaire qui fit par aprèes faire des cauchemars à toute l'Europe : exils, assassinats, massacres, le tout par des moyens horribles.

Vous pouvez retrouver l'histoire générale sur Wikipedia, mais rien ne vaut la lecture de ces trois tomes tout à fait réussis, dont le premier tome assez calme ne laisse rien présager de la surprise horrible et de l'apogée dans l'horreur que sont les tomes 2 et 3. Sacrée lecture, la vache !

Jeronimus, une bande dessinée en trois tomes superbes de Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx, chez Futuropolis.
ISBNs : 978-2-7548-0131-7, 978-2-7548-0218-5, 978-2-7548-0311-3), existe en coffret intégrale

mercredi 16 novembre 2011

Chine Eternelle, que de bouleversements en si peu de temps

Dans la lignée des bandes dessinées évoquant des morceaux d'histoire, Une Vie Chinoise conte la longue déambulation d'un homme qui aura connu l'avant, le pendant et l'après Mao.



Li raconte sa propre vie, telle qu'il l'a vécue, sans trop de fards, sans trop d'embellissements, dans ce qu'il y a eu de dur mais aussi de beau au cours des 50 ans passés en Chine. D'abord l'enfance, avec un père cadre du parti dans une petite ville de campagne, pendant que s'instaure rapidement le communisme maoïste, qui déferle comme un torrent dans la plaine calme de vies engoncées dans des décennies de tradition. Le rêve communiste vire peu à peu au cauchemar, avec les drames et la famine liées au Grand Bond en Avant. Par la suite, la mutation vers l'ouverture à l'extérieur après la mort de Mao façonne une nouvelle évolution pour Li, une période bouillonnante et trouble, avec un adolescent qui devient un vrai adulte. Le dernier épisode, intitulé "Le Temps de l'argent" évoque la transformation vers un capitalisme triomphant et frénétique de la Chine.



Ce récit autobiographique est intéressant pour comprendre comment la Chine a absorbé ses révolutions successives avec toujours un enthousiasme illimité, comment elle est passé d'extrêmes à d'autres. Cette évolution difficile à comprendre pour un occidental est ici racontée de l'intérieur, avec des yeux chinois, ce qui nous aide à appréhender les bouleversement qu'a connue la Chine en 60 ans. C'est en plus bien écrit et bien dessiné. Un régal.


Une Vie Chinoise - Le Temps du père, Le Temps du parti, Le Temps de l'argent
3 volumes grand format par P. Otié et L. Kunwu, chez Kana
ISBN de l'intégrale en coffret : 3600121201835 (mais existe en volumes séparés)

vendredi 16 septembre 2011

Putain, dix ans.

"Un homme prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une, ni l'autre et risque de perdre les deux."
~Attribué à Benjamin Franklin, mais plus probablement de Richard Jackson

"Ne vends pas la vertu pour acheter la fortune, ni la Liberté pour acheter la puissance."
~Benjamin Franklin

"La sécurité vous est-elle si chère, ou la fortune si douce, au point de les acheter au prix des chaînes et de l'esclavage ? (...) Je ne sais pas quel chemin les autres suivront mais, dans mon cas, donnez moi la liberté ou la mort !"
~Patrick Henry

Bon, ça fait dix ans que le 11 septembre a changé l'équilibre du pouvoir entre les citoyens et leurs gouvernements. Dix ans que les lois sécuritaires se multiplient. Dix ans que les gouvernements occidentaux multiplient les lois sécuritaires. Presque 10 ans que vigipirate est au niveau rouge/orange. Dix ans que voir des militaires portant des FAMAS dans des lieux publics ne nous choque plus. Dix ans qu'on accepte tout et n'importe quoi au nom de la sécurité. Dix ans de contrôles ridicules dans les avions. Dix ans que la droite nous vend la soupe de la sécurité pour se faire élire.

Mais... Dans le cadre du terrorisme... Si la population... Si NOUS avons peur et sacrifions tout à la sécurité, même nos valeurs... n'est-ce pas la preuve qu'au final, ce sont les terroristes qui ont gagné ?

En cet anniversaire du 11 septembre, l'ACLU, American Civil Liverties Union, un groupe de défenseur des droits du citoyen aux USA, vient de publier un très intéressant document, appelé A Call To Courage.



http://www.aclu.org/files/assets/acalltocourage.pdf

Dans ce bref document de 36 pages ont a un superbe résumé de la décennie, démontrant à quel point les Etats Unis ont réfuté la totalité de leurs valeurs fondatrices, des valeurs chantées dans leur hymne national et célébrées dans une constitution qui est un modèle. Tout ça pour combattre une guerre qui n'a ni frontières ni limites. Normalement, le don des pleins pouvoirs, dans le cadre d'une guerre, se fait de manière extrêmement délimitée pour éviter les abus, sous la forme de limites temporelles et géographiques. Sauf que la "guerre contre le terrorisme" n'ayant ni l'une ni l'autre, les pleins pouvoirs ont été donnés de manière définitive à l'exécutif, sans aucune limite ni droit de regard.

A Call To Courage est un appel à leurs députés et sénateurs pour qu'ils cessent d'avoir peur et remettent le nez dans les affaires de l'exécutif. C'est en tout cas un document à lire, pour un résumé essentiel de tout ce qu'a abandonné les USA dans leur "guerre": tortures, détentions illimitées, enquêtes militaires, prisons secrètes, interdiction d'accéder à un procès, etc.

En parallèle, mais tout aussi intéressant, a été publié un "paper" scientifique qui étudie le dilemme auquel fait face un décideur politique dans le cadre du terrorisme : empêcher le terrorisme ou les récriminations (preventing terrorism or preventing blame).

http://opim.wharton.upenn.edu/risk/library/J2011OBHDP_APM,AT,HK_PolicymakersDilemma.pdf

Dans ces dix pages, les auteurs étudient et prouvent qu'alors qu'un membre du parlement envisageant une politique anti-terrorisme devrait faire une cotation normale des risques encourus prenant compte de la probabilité d'apparition du risque (comme dans toute étude AMDEC qui se respecte), ils tiennent plus compte de la quantité de reproches qu'on risque de leur faire s'ils n'ont su l'empêcher, amenant à un défaut de perception sur la prioritisation de ce qui devrait être accompli.

Honnêtement, il s'agit d'une étude toute bête sur nos comportements, mais qui montre, quelque part, à quelle vitesse nous renonçons à la loique et entrons dans le pathos dans certains cas.
Dix pages à lire.
 
Et en France, c'est pareil. Remember Loppsi ? Les écoutes du Monde ?

EDIT : en route vers 11 ans ! Yeah ! (merci BoingBoing)

lundi 5 septembre 2011

Du béton dans la tête

C'est un domaine à la fois aussi intéressant que mal défini que la Psychogéographie. Même s'il n'est pas inventeur de la discipline, c'est ce bon vieux Guy Debord qui créa le nom, accompagné d'une définition tout à fait situationniste. Et une fois le concept mis en place ? Rien. Ou si peu. Pourtant, nombre d'études et de romans ne se réclamant pas de la psychogéographie semblent pourtant y émarger et certains des concepts auxquels elle a donné naissance pourraient peut être être exploités à nouveau. Ou plutôt, certains études tatonnant autour du sujet pourraient tenter de s'y plonger.

La Psychogéographie, selon Debord, c'est "l'étude des lois exactes, et des effets précis du milieu géographique, consciemment aménagé ou non, agissant directement sur le comportement affectif des individus." Entre autre choses, c'est l'influence bien sensible des quartiers et de la ville, en tant qu'entité vivante, sur les gens qui y vivent. L'effet de l'ensemble sur la partie.

"Psychogéographie !", si on a déjà un peu la ville comme intérêt littéraire, est finalement assez peu intéressant, car le bouquin est surtout, pour le dire méchamment, une bibliographie d'ouvrages accompagnée de commentaires. C'est pas trop mal écrit, certes, mais assez peu transcendant. Par contre, si vous aimez la Ville, la bibliographie est une perle : "Rue des Maléfices" (Yonnet), "Paris Insolite" (Clebert), "London Orbital" (Sinclair), etc. sont des ouvrages à avoir lu absolument!

Au-delà de l'ouvrage, je crois que c'est vraiment la notion même de psychogéographie qui gagnerait à être creusée. Suivant comment on la découvre, une ville a un visage ou un autre. On sent bien que les quartiers ont des ambiances variées, et les grands projets d'urbanisme à l'ancienne, qui ne tiennent que rarement compte de ce genre de spécificités, ont une forte tendance à l'échec - je songe à toutes ces utopies urbanistes de HLM-ville - donnant des résultats parfois opposés à l'objectif escompté. La cartographie d'une ville, souvent limitée à ses réseaux, ne tient aucun compte des facteurs psychologiques (ambiances, cultures, etc.), là où un visiteur du Moyen Age dans une ville n'avait aucun plan et se créait donc mentalement une image qui lui était personnelle basée sur un ressenti et un vécu. Une vision donc totalement différente de la ville. Les explorateurs urbains, ces gens qui visitent les recoins abandonnés, mystérieux ou négligés d'une ville, par exemple, ont une vision de la ville fort différente de celle du cadastre...
Nombre de romans, fantastiques ou non, prenant les villes pour cadre ont des similitudes dans la présentation d'une ville pour la rendre vivante, clefs et vecteurs pouvant provenir d'une application inconsciente de règles de construction d'une ville vivante, si souvent comparé à un organisme : Neverwhere (Gaiman), Yama Loka Terminus (Henry/Muccielli), Perdito Street Station (Miéville). D'ailleurs, ce sont souvent des villes semblant bien plus vivantes que celles trouvées dans les livres de SF des années 50, où la logique et la science s'expriment à plein régime.

Un livre que je conseillerais à qui veut découvrir la notion. Je pense franchement que nos conseils municipaux devraient s'y pencher un peu plus. Je ne pense pas me tromper en me disant qu'ils le font déjà plus ou moins, étant donné que les plans d'urbanismes rencontrent régulièrement le mur de l'association de riverains et de la future échéance électorale.

Psychogéographie! de Merlin Coverley,
chez Les Moutons Electriques ISBN n°978-2-36186-060-1

Edit : Le Paris Insolite de Clebert vient de sortir en poche (juin 2012)

lundi 8 août 2011

C'est dans les vieilles baignoires...


Délicieux ouvrage kafkaïen en diable, un homme anonyme a été envoyé dans un complexe militaire ultra-protégé, l'Edifice, afin d'y accomplir une mission. Cependant, livrant une guerre sans merci à l'ennemi, particulièrement vicieux, à s'avoir l'Anti-édifice, ses instructions sont codées. On suit le héros du roman dans les déboires sans fin qu'il subit pour obtenir ses fameuses instructions, chiffrées pour éviter les interférences d'agents doubles, triples, quadruples voire quintuples. Pour les lui déchiffrer, on commence par les brûler. Ensuite, on lui vole le peu d'informations qu'il a récupérées, sous la forme d'un classeur. D'ailleurs, les gens lui disent ils la vérité ? Une mouche noyée dans son thé est-il un message secret, un signe, un indice ? Le héros se perd désespérément dans ses multiples tentatives visant à déjouer les doubles, triples et quadruples bluff qu'il subit dans une administration tentaculaire devenue folle et complètement refermée sur sa paranoïa paperassière. Il en vient même à douter de la sincérité des décès auxquels il assiste. Après tout, un agent totalement dévoué à sa cause pourrait très bien donner sa vie pour une volonté supérieure... Naïf au début, le personnage s'enfonce dans la suspicion, le doute et la paranoïa...

Lumineux et insolent, cet ouvrage se termine dans un grand ricanement grinçant de l'auteur, qui dénonce de manière jouissive la paranoïa de la Guerre Froide mais aussi des comportements finalement très actuels sur les notions de culpabilité, de délation et de surveillance en démontrant que ces mécanismes sont sans fin. Le BigBrotherisme actuel tourné à la moulinette de la pente savonneuse, poussant la surveillance jusqu'à un paroxysme de complexité et de bétise. Un des personnages constate même qu'à force d'avoir dans chaque camp des infiltrés du camp opposé, les deux camps ne sont plus devenu qu'un seul et même camp, entièrement composé de traîtres, retournés tant de fois qu'aucun ne sait plus vraiment pour qui, finalement, il trahit, au juste.

Inspiration principale, d'ailleurs, du jeu de rôles "Paranoïa", cet excellent livre est à ranger dans sa bibliothèque entre 1984 d'Orwell, Catch-22 de Heller* et Le Procès de Kafka. Un must-read malheureusement bien difficile à trouver.

Mémoires trouvés dans une baignoire de Stanislaw Lem
en occasion chez Calmann-Levy, Pocket et Le Livre de Poche
ISBN n°978-2702100356
PS : merci à Noosfère pour l'image.
* : dont il faudra que je parle aussi, tiens.

jeudi 23 juin 2011

Montebourg et la démondialisation ainsi que les droits civiques aux US

Allez, hop, retour aux opuscules politiques. Comme d'habitude, les journaleux évoquent les primaires socialistes sur l'air toujours répété de "regardez comment qu'ils sont divisés que c'est pas comme ça à droite" (parce que le métier actuel de nombre de pisse-copies est de vendre du cliché à leurs lecteurs et ça me rappelle qu'il faut que je retrouve l'étude qui racontait que lire une opinion similaire à la sienne propre donnait un gros susucre au cerveau, ceci expliquant alors cela). Les gonzes sont tout aussi divisés à droite, sauf qu'on évite de trop le souligner à longueur de page. Pourtant, Borloo, Galouzeau et Sarko, vu leur positions personnelles envisagées pour 2012, on pourrait penser qu'il y a quelque dissension. Non ?

Passons, ce n'est pas le sujet.

Ce matin, alors que je trainaillais dans une librairie absolument quelconque, je suis tombé sur le petit opus d'Arnaud Montebourg, qui présente globalement ses idées de pour quand il serait président. Donc sa plateforme pour les primaires. Je ne connaissais pas en détail ses positions et mon seul contact avec lui c'est de l'avoir aperçu de loin sur le quai d'une gare récemment (pis j'ai pas la télé). L'ouvrage lu d'une traite de RER/Tramway/Métro, je connais mieux son positionnement et il me plaît globalement. Mais j'attends de lire les autres plateformes avant de me décider. Parce que oui, j'irai voter à la primaire : quand on me donne le droit de vote, j'ai tendance à m'en servir.

Le bouquin de M. Montebourg est très bref. Il commence par évoquer des cas, dans le monde entier, de travailleurs exploités, maltraités, abusés. Je me reconnais d'ailleurs dans un des cas évoqués, tout comme chacun d'entre vous (je doute avoir des lecteurs dans la tranche des 1% les plus riche de France). A partir de là, il établit que la mondialisation est la cause du problème. Ensuite, il suggère des solutions pour lutter, principalement la démondialisation sous la forme d'un "protectionnisme vert" à l'échelle de l'Europe. Je dois avouer que ce keynesianisme proposé n'est pas sans me rappeler une proposition de M. Frédéric Lordon.

Honnêtement, l'effet bonbon sucré pour le cerveau que j'évoquais plus haut est présent, mais justement, je reste méfiant même si son pamphlet (parce que ça en a la forme) va dans mon sens. J'aurais aimé plus de sources sur plusieurs sujets. Ce n'est pas parce que c'est en accord avec mes opinions que je n'ai pas de doutes : j'ai donc vérifié l'existence, entre autres, des "one euro job" en Allemagne et découvert une réalité effarante sur le soi-disant "modèle allemand", qui n'est guère qu'un modèle pour le patronat. (Je lie ici du Rue89, mais les sources sont variées et se recoupent.)

Au final, malgré un livre un peu lourd sur la forme vers le milieu, son programme est intéressant, mais il reste très vague sur l'implémentation. Comment veut il réaliser son protectionnisme vert, qui consiste à établir des taxes douanières sur la base du respect de l'environnement, ce qui permet de faire la nique à l'OMC. Il est vrai que l'Europe est la seule grande puissance à n'appliquer quasiment aucun protectionnisme là où les autres ne s'en privent pas. Je suis d'accord, mais comment convaincre l'Allemagne, puisque c'est le couple Franco-Allemand qui mène régulièrement la barque bleue étoilée de jaune ? J'aurais aussi apprécié connaître ses positions sur de nombreux autres sujets car, même s'il est vrai qu'il y a beau temps que l'économie a pris le pas sur le politique, je suis toujours curieux de connaître la position d'un candidat sur ACTA, sur l'immigration, la santé, l'intérieur, la justice, etc. Alors c'est sûr que cela aurait demandé un livre plus gros, plus cher (l'opus est à 2€) et écrit plus petit. Je réserve donc ma décision sur les primaires le temps d'en savoir plus de la part de chacun des candidats.



Votez pour la démondialisation ! de Arnaud Montebourg
chez Flammarion, ISBN n° 978-2-0812-6883-8

Accessoirement, je continue aussi de lire les petits recueils de discours de chez Points dont j'avais déjà parlé. Ce matin, donc, en plus du livret ci-dessus, j'ai pris deux discours sur les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis, à savoir un discours de Malcolm X intitulé "Le Vote ou le Fusil" et un autre de John Fitzgerald Kennedy, antérieur, intitulé quant à lui "Nous formons un seul et même pays". Deux visions très différentes pour une même opinion sur la quête des doits civiques. Deux discours puissants, forts, viscéraux. Malcolm X se lance dans un combat définitif, JFK essaie de changer la loi mais aussi la mentalité du moindre de ses compatriotes.
Dans mon opinion, ces textes n'ont rien perdu et sont toujours aussi importants. Cette collection de discours chez Points ne m'a jamais déçu : on connaît tous une phrase célèbre de l'un ou l'autre discours, mais peu les ont lus en entier, alors que ça vaut vraiment le détour.



Le Pouvoir Noir, de Malcolm X et John Fitzgerald Kennedy
chez Points, ISBN n°978-2-7578-2200-5

mardi 7 juin 2011

Bouquins de plage : Worldwar ou la 2° GM avec des lézards. Si.

Je sais qu'aujourd'hui il fait moche et ça craint, mais je vous soupçonne d'aller à la plage dans un avenir proche, voire un proche avenir. Si si. Et comme vous vous demandiez quoi emmener avec vous sur le sable fin de plages lointaines, les pieds dans l'eau bleue cristalline, je vais vous recommander une petite (2000 pages à peine) série de livres pour occuper le temps que vous ne passerez pas à vous mettre de la crème solaire. Des fois, je suis trop généreux.



Vers le XIIè siècle après qu'on aie cloué un mec à une croix parce qu'il avait recommandé aux gens d'être gentils les uns envers les autres, une sonde extraterrestre fait le tour de la planète et ramène des clichés des habitants à ceux qui l'avaient lancée : des pécores, des soldats en armure et des types qui vivent dans des huttes. Les extraterrestres, fort de leur société millénaire rigide et calcifiée, dotés d'une technologie plutôt "fin du XXè siècle", décident alors d'envahir la terre en allant péter la gueule à ces pouilleux de terriens pour leur montrer qui est le maître. Avec leurs tanks et leurs missiles à guidage laser, ça devrait pas durer trois jours. Sauf que...



Sauf que le temps que la sonde revienne, que les extra-terrestres se décident et fassent enfin le voyage, ils débarquent sur la Terre en ... 1942. La conquête de la planète va pas être si facile que ça. Toutes les nations humaines sont en économie de guerre, industrialisées et possèdent bien plus d'expérience du combat réel que les E.T. élevés en cuve et formés sur des simulateurs.



C'est un peu con mais très très rigolo. L'histoire est racontée vue au travers d'une douzaine de protagonistes, humains ou non, haut placés ou non et qui parfois se croisent de manière étonnante. Les extra-terrestres n'arrivent pas à s'adapter à la vitesse d'évolution humaine et ont de ce fait de nombreuses surprises, et n'ont aucune notion de diplomatie. Ce qui fait qu'au final le conflit finit par s'équilibrer et tout cela donne lieu à des scènes assez cocasses.


Par contre, autant l'avouer, c'est assez mal écrit, certaines storylines sont pas super intéressantes et le troisième tome est clairement un "passe-plat". Mais cela reste fun et très lisible, et on peut pas dire qu'on se pète le neurone à le lire. On dirait le fantasme d'un meneur de jeu de rôles. La série se poursuit dans un deuxième cycle puis un dernier volume, mais je ne vous les recommande pas encore, ne les ayant pas lus. Je recommande uniquement le premier cycle, bien fun, bien barré et très très sympa.
Bon, ça n'a par contre guère d'intérêt au niveau politique, soyons honnêtes.


Worldwar series (In The Balance, Tilting The Balance, Upsetting The Balance et Striking The Balance) de Harry Turtledove
en anglais chez Del Rey
ISBN n° : 978-0345388520, 978-0345389985, 978-0345402400, 978-0345412089
NB : préférez les ouvrages US plutôt que UK. Les couvertures sont moches dans les deux cas, mais plus fun coté US...

Ailleurs :
C'est la faute à Alias. Par sa faute, j'ai fait 5 victimes ;)

lundi 18 avril 2011

The Punk & the Godfather : TAQWACORE

Dans la grande série "je l'ai pas vu mais je vous en parle quand même", voici Taqwacore.
Film indépendant qui a reçu le prix du festival indépendant de Lille, Cinemonde, je vous en parle parce que j'ai pu papoter avec le réal' malgré le fait que j'aie raté la diffusion. Le film sort en DVD en Europe à la fin de l'année, je vous en reparlerai probablement quand je l'aurai vu.
Le film parle de gens qui essaient d'allier leur mode de vie de musiciens de la scène punk américaine avec leur foi en l'Islam. Taqwacore est d'ailleurs le nom donné à ce style musical. Le sujet est intéressant, le film a l'air bon, la bande annonce fait envie, bref : j'ai envie de le voir.

vendredi 1 avril 2011

Un ouvrage séminal sur les télécommunications

Un peu vers le début de l'année, je me suis procuré un énorme ouvrage, très dense, au papier bible. Une fois passé la qualité médiocre du support, il faut avouer que l'ouvrage est extrêmement complet. Une référence dans son domaine, malgré une intrigue un peu téléphonée. J'ai beaucoup apprécié la galerie de personnages, foisonnante et très variée, avec de nombreuses ramifications.
La chute est un peu plate et l'intrigue finit en queue de poisson, une fois qu'on est arrivé à ZZywlorski, Antoine.

Définitivement, cet "Annuaire de téléphone du 19è arrondissement" saura ravir les amateurs de lectures denses.


jeudi 3 mars 2011

140 ans en Commune

Aujourd'hui, c'est le 140è anniversaire de la Commune de Paris. Si. Même si l'explosion est le 18 mars, les agitations commencent dès le 3 mars.
Le 18 mars 1871, les citoyens parisiens se soulèvent en réaction à la décision du gouvernement Thiers, enfui à Versailles le 10, de leur retirer poudre et canons, justement pour éviter une révolte après 15 jours d'agitation.

Peter Watkins raconte tout cela dans son film fleuve intitulé sobrement "La Commune (Paris, 1871)".



Ce film en noir et blanc, d'une durée de 375 minutes (oui, vous avez bien lu, ça fait six heures et quart) conte les événements qui se sont déroulé à Paris lors de l'année terrible 1871, du début de l'insurrection jusqu'aux condamnations à mort en masse de la semaine sanglante (les versaillais feront fusiller après les événements entre 10 et 30 000 parisiens en guise de répression). Dans le décor limité d'un quartier parisien, Watkins raconte le déroulé des événements. D'abord, a misère qui règne, les conséquences de la guerre de 1871, le souvenir de l'insurrection de 1848, les relations entre les bourgeois et les prolétaires. C'est au travers de portrait des habitants du quartier que tous ces éléments apparaissent, avec des acteurs non professionnels qui n'en sont pas moins excellents et très touchants.
Pour faire part de ce qui se passe en dehors du quartier, l'idée géniale de Watkins est de faire une entorse à l'histoire : au lieu de montrer des une de journaux ou de les faire lire, le réalisateur a décidé d'envisager l'existence de la télévision. Ce qui veut dire que les habitants du quartier regarde un équivalent d'ORTF de l'époque, à savoir Télé Versailles. Lorsque l'insurrection est en place et que la ville commence à se mettre en autogestion avec un gouvernement personnel, apparaît alors une chaîne de télévision indépendante. On voit d'ailleurs apparaître la collusion entre les médias et le pouvoir, ainsi que l'ambivalence du pouvoir médiatique sur les insurgés, avec la toujours possible compromission des journalistes "rebelles" dans leurs relations avec le gouvernement autonome.

Malgré sa longueur et ses choix étonnants, ce film est excellent et permet d'appréhender l'ambiance particulière de cette période très importante de la vie parisienne (et mondiale, puisque Marx en parlera par la suite comme la première révolution prolétaire autonome de l'histoire - constat sur lequel je reste dubitatif) jusqu'à sa conclusion terrible, montrée avec un talent rare. Pour la longueur, le film est divisé en deux parties, ce qui m'a permis de le voir en deux après-midi. La version cinéma était moitié moins longue.

Un extrait sur youtube.

Notez que Paris fêtera cet anniversaire devant l'Hôtel de Ville le 18 mars.

La Commune (Paris, 1871) de Peter Watkins
Sorti en 2000, en DVD chez Doriane Films
Durée 375 min (210 min dans sa version grand écran)

lundi 28 février 2011

mardi 15 février 2011

Tweed : la fibre révolutionnaire

A Noël, j'ai reçu en cadeau un livre. Enfin, j'en ai reçu plein, mais j'ai aussi reçu celui là, d'amis qui m'ont dit : "en le voyant, on a tout de suite pensé à toi". Inquiet, je regarde ce qu'est l'ouvrage et rien qu'à lire le titre je pars d'un éclat de rire. Il s'agit du Manifeste Chap : Savoir-vivre révolutionnaire pour gentleman moderne, écrit par Gustav Temple et Vic Darkwood dans le cadre de la Confédération des Anarcho-Dandys. Mes amis me connaissent bien et ont du goût, je suis fier et flatté de les avoir auprès de moi.
Rien qu'au logo, la couleur est annoncée...
Ce livre est un petit bijou d'humour britannique, où les auteurs prônent rien de moins que la "révolution par le tweed" et plus exactement le droit pour un révolutionnaire d'être bien habillé. Il se décompose sous la forme de petits articles abordant tous les sujets (motivations, actions, habillement) avec des illustrations un peu rétro et un humour à froid d'une grande subtilité. On y apprend ainsi comment il convient de s'habiller pour lire chez soi, mais aussi les actions à entreprendre face à tous ces antres du mauvais goût que peuvent être les chaînes de magasin d'habillage, les fast-food, etc. Comment communiquer en utilisant ses jambes comme sémaphore et comment faire du sport (diantre) sans en donner l'air (ouf).
Bref, c'est un petit livre fort drôle qui, par certaines critiques satyriques donne parfois à réfléchir - sur les raisons de son engagement, ses goûts vestimentaires, et la place de l'élégance ainsi que la politesse dans la société actuelle - mais dont l'objet principal reste de s'amuser. Et d'être élégant. Rafraîchissant.
Je vous laisse, j'ai rendez-vous chez mon tailleur.

Le Manifeste Chap : Savoir-vivre révolutionnaire pour gentleman moderne, de Gustav Temple & Vic Darkwood, chez Equateurs
ISBN n° 2849901563
Site Web de Chap Magazine