vendredi 25 mai 2012

Les préjugés, ça craint

J'avais parlé il y a fort longtemps d'un petit livret que m'avait laissé la Cimade (wikipedia) dans ma boîte aux lettres. Il était excellent. J'ai trouvé hier un nouveau livret dans ma boîte aux lettres et je me sens tenu d'en parler tant il est excellent.

"On n'est plus chez nous."
"On ne peut pas accueillir toute la misère du monde."
"Ce sont tous des criminels, les chiffres sont là."
"La France aux français, la Bourgogne aux escargots."
Ad nauseam.

Marre.
Donc, si vous manquez de répondant contre ces soi-disant 'arguments', je ne peux que vous pousser à lire le petit livret de, quoi, dix pages ? fourni par la Cimade. Dans ce petit recueil, vous trouverez les réponses argumentées et chiffrées, avec force preuves, pour répondre à ces clichés dont l'inanité ne peut que révolter l'humaniste en vous.

Petit Guide pour lutter contre les préjugés sur les migrants (réédition), écrit et édité par la Cimade. Vous pouvez l'y télécharger.

mardi 22 mai 2012

Les lianes et l'eau d'Issey

Normand Baillargeon, j'aime bien ce que j'ai lu de lui.Bon, certes, j'ai pas lu foule de livres de lui. Deux. Mais le premier était vraiment une petite merveille, et l'autre était fort intéressant. Aussi, quand j'ai vu son nom au-dessus du titre "Liliane est au lycée", je n'ai pas hésité et l'ai mis dans ma besace. Après paiement à ma libraire, qui me faisait les gros yeux en me voyant l'embarquer - je suis parfois distrait.

Le sous-titre de ce livre, paru dans une collection de Flammarion que je ne connaissais pas - Antidote - est : "Est-il indispensable d'être cultivé ?"

Baillargeon (canadien) part de la constatation suivante : les librairies françaises ont des rayons entiers de bouquins dédiés à un étrange animal, à savoir la Culture Générale. Nombre d'anecdotes médiatiques font état de politiques et autres célébrités pris en flagrant délit d'inculture (Lefebvre et son amour pour Zadig&Voltaire, par exemple). A partir de là, il essaie de comprendre ce qu'est la Culture Générale au sens généralement entendu, avant de la détruire.


En fait, l'auteur n'a rien contre la culture. Bien au contraire, sa conclusion est que la culture rend l'individu meilleur et qu'elle est une nécessité absolue pour le dialogue démocratique afin d'empêcher qu'il ne se transforme en guerre de propagande et de slogans (ce à quoi je répondrais qu'on en y est déjà hélas, cf. fiches précédentes sur le Storytelling). Ce qu'il défait, à raison, c'est l'organisation et les choix faits dans la somme d'éléments appelés Culture Générale qui est uniquement composée d'éléments provenant de l'occident, avec des choix extrêmement discutables, et méprisant à la fois les sciences "dures" ainsi que les éléments populaires (dans certains milieux on s'énorgueillit d'être nul en maths ou de ne pas savoir ce qu'est l'entropie*, de n'avoir jamais lu une bande dessinée ou ne pas savoir ce qu'est un comic**). A partir de là, il reconstruit une proposition de ce que devrait comporter une culture qui se veut générale telle qu'elle améliorerait la vie des citoyens qui y accèderaient, avec des vues sur l'éducation - des enfants ainsi que populaire - sans tomber dans la tentation relativiste et autres déraillements.

Le livre est bien fait et intéressant. J'ai beaucoup apprécié ses conclusions. Par contre, j'ai trouvé très très longue la première partie, assez répétitive, parfois péremptoire et j'ai même trouvé assez ironique (était-ce voulu ?) la destruction de la notion de Culture Générale à l'aide de citations. Le cri d'amour pour la philosophie qui orne un des chapitres est lui aussi un peu longuet, mais reste intéressant.

Bref, malgré ces quelques défauts, une bonne lecture et une thèse que je ne peux que défendre, qui m'a rappelé les spectacles Inculture de F. Lepage...

Liliane est au lycée de Normand Baillargeon
chez Flammarion, ISBN n°978-2-08126426-7

* : ce qui est, comme il le dit si bien, l'équivalent scientifique de n'avoir jamais lu un vers de Shakespeare
** : A mon humble avis, la BD américaine et ses super héros sont le reflet du pays qui les as créés, comme toute culture, et sont quelque chose à connaître au moins en surface pour mieux comprendre l'esprit qui habite les Etats-Unis

mercredi 16 mai 2012

Deux petits livres et deux grosses BD


J'ai lu deux petits livres de chez Allia, mon éditeur de microbouquins favoris : No Exit et La Grève des Electeurs.
Pour une fois, je suis pas hyper convaincu. Le premier est la traduction d'un article de journal anglais sur notre Ex-président Zébulon, qui franchement enfonce des portes ouvertes par tout le monde sur les 5 dernières années. Le second est un texte que je pense qu'il est nécessaire de lire, une critique acerbe du concept de représentant élu plus qu'une critique de l'acte de voter. En très résumé : inutile d'aller voter parce que celui que vous élirez ne vous représentera pas et n'est là que pour son propre compte. C'est pas tout à fait vrai, et c'est aussi très loin d'être faux.
Cela a été écrit en 1888 et ça se sent. Aujourd'hui, je pense que plus personne n'est dupe, à part les militants (les vrais, les tatoués, les décérébrés). Quelques livres ont développé plus la critique de cette représentativité... Je pense à une nouvelle de SF où tous les postes sont donnés à la loterie, ainsi qu'à une étude de socio bien plus sérieuse étudiant les conséquences d'un tel système. J'en ai oublié les noms mais ça doit se googler aisément...
Et, enfin, les partisans de l'abstentionnisme ne m'ont jamais vraiment convaincu. Je veux bien qu'on en "tienne compte" comme ils le désirent, mais comment ? Et à quelles fins utiles ?

No Exit, de Philip Gourevitch ISBN n°978-2844855701
La Grève des Electeurs, d'Octave Mirbeau ISBN n°978-2844853172
Tous deux chez Allia



Après toutes ces émotions, je me suis tapé les deux tomes de Quai d'Orsay, la BD que, paraît-il, Galouzeau offrirait à tour de bras. C'est vrai que, surtout à la lecture du tome 2, il est difficile de douter de la parenté du personnage principal avec le dit Premier Ministre de Chirac qui fut, effectivement, au Quai d'Orsay de 2002 à 2004 et prononça un discours à l'ONU qui a marqué l'histoire de cette assemblée (on peut d'ailleurs se le procurer dans la petite collection de Points consacrée aux discours, que j'affectionne).
J'ai énormément aimé. On y voit le ministère des affaires étrangères de l'intérieur, décrit avec humour dans une caricature qui ne fait pas dans le lourdingue (on est pas dans le Gerra, ça change).
C'est avec une certaine affection et une, semble-t-il, très bonne connaissance des rouages, que les auteurs croquent les mécanismes de la politique étrangère française. Ils ont limé les numéros de série juste ce qu'il faut pour qu'on reconnaisse les événements, lieux et personnages sans qu'ils aient besoin de les citer. C'est bien mené, enlevé, positif et très agréable à lire. Une très chouette BD et je remercie mes potos d'EnQulture de me l'avoir collée dans les pognes.



Quai d'Orsay, Chroniques diplomatiques chez Dargaud
Deux volumes de Christophe Blain et Abel Lanzac (pseudo du scénaristes qui est probablement un membre du Quai d'Orsay)
ISBNs : 978-2205061321 (t.1) et 978-2205066791 (t.2)

Ils en parlent chez les corbeaux.