mardi 19 mars 2013

Assez, assez.

Cet article est complet, et donc essentiel, sur le sujet.
Sexisme chez les geeks et y remédier
Et pas de TL;DR s'il vous plaît. Je vous vois venir. Vous le lisez jusqu'au bout. Même si ça vous mets mal à l'aise.

Une partie notable de la communauté geek est sexiste à un niveau gerbatoire. Elle a aussi des vieux relents de racisme, de condescendance, de rape-culture, etc. Et le reste de la communauté traite cela en mode déni, autruche ou minimisation. Bref; elle ne gère rien.

Assez.

Tout cela il faut le combattre. Quand vous voyez ce genre de comportement autour de vous, réagissez. A noter que si vous ne vous reconnaissez pas dans les comportements décriés (et c'est tant mieux), il est de votre devoir de ne pas laisser les autres faire. Le concours passif est une complicité comme les autres. Même par inaction. Ne vous y méprenez pas. En disant cela, ce n'est pas "faut être avec nous ou contre nous". La seule chose qui vous est demandée est :
Si vous voyez quelque chose, dites quelque chose !

lundi 18 mars 2013

Movie Night

Coqueluche des oscars, chef d'oeuvre confirmant que Affleck est à la fois un bon acteur et un bon réalisateur, Argo est un excellent film. Il raconte en détail un événement annexe à la crise des otages de 1979 en Iran.


Le film est très bien fait. Il commence par raconter, de manière claire et sans trop de parti pris les événements ayant amené à la crise : la mise en place par la CIA du shah, ses dégâts sur l'économie locale, son hospitalisation, la prise de l'ambassade des USA locale. A partir de là, on suit un spécialiste de l'exfiltration de la CIA, joué par Affleck, qui va créer un énorme bateau pour faire sortir 6 américains qui se sont enfuis de l'ambassadeur et se planque chez l'ambassadeur du Canada. Son plan consiste à aller en Iran en faisant croire qu'il fait des repérages pour un film de SF appelé Argo, et que les 6 à exfiltrer sont en fait venus avec lui et sont le caméraman, le réalisateur, etc. Pour donner de la crédibilité, il se démerde pour faire croire à l'existence d'un vrai projet cinéma, avec un casting, un studio, une affiche etc. à tel point, et c'est le but recherché, que la presse ciné de Hollywood croit au projet.
Je résume pas tout le film mais son plan réussit, de justesse. Le film est super bien joué et tient son auditoire en haleine jusqu'à la dernière seconde. Et c'est un peu là que le bât blesse. Si l'histoire est bien réelle, la partie la plus "tendue", toute la montée de tension est en fait apocryphe. Il n'y pas eu de réelle tension à l'aéroport, et les exfiltrés ont d'ailleurs pris plusieurs avions séparés. Est-ce que c'est grave ? Pas tant que ça : globalement, le fond ne change pas et, si on oublie que le film donne surtout la primeur à la CIA contre le Canada qui n'a pourtant pas chômé, il reste un film et non un documentaire. Aussi cette tension était elle nécessaire pour scotcher le spectateur à son siège.

Ce qui est amusant, c'est que je suis aussi aller voir No, le film sur la campagne pour le référendum qui mit fin au règne de Pinochet.



Avec un parti pris malin de tourner en simili-VHS (on va dire en "lomographie"), le réalisateur peut sans mal mélanger les images de son film avec les images d'époque sans que le spectateur perçoive la différence. On suit un pubard très doué à qui les gauchistes chilien veulent confier les spots de 15' de leur camp, en faveur du Non (au règne prolongé de Pinochet). Il bosse dans la pub, il est globalement apolitique, contrairement à la mère de son fils qui passe son temps en cellule après les manifs auxquelles elle participe, lui reprochant son inactivisme quand elle passe à sa maison. D'un bout à l'autre, il sera surtout motivé par la réussite de sa campagne de pub et à montrer à son boss qu'il est meilleur que lui (son patron s'occuppant de la campagne du Oui).
Si ce morceau d'histoire est intéressant et la lutte par spot de pub, agrémenté de menaces et de répression, est passionnante, je reprocherais au film deux choses : d'abord, le personnage principal est absolument fade. Totalement neutre, mou, sans opinion, sans couleur, limite neurasthénique. Le scénario passe un bout du début du film à le mettre en place et à nous le présenter mais on ne s'identifie jamais vraiment parce qu'on ne parvient pas à s'y intéresser. On se fiche totalement de sa vie creuse, de ses longues vadrouilles en skateboard ou de sa neutralité absolue. On reporte son intérêt sur ce qui est important (la campagne) mais c'est vraiment dommage. Le personnage de son boss, par exemple, est plus intéressant. L'autre problème, c'est que si le traitement lomographique a des avantages (l'inclusion de séquences historiques sans "coutures"), il n'interdit pas de bien filmer. On n'est pas obligé de se taper des longs plans "plein soleil" où l'écran est tout jaune. Faire baver autant les couleurs n'était pas nécessaire. Les images d'époque ne sont pas si mauvaise et je me souviens assez bien que l'image VHS était pas si poucrave...
Bref, un film correct, fort intéressant historiquement, mais avec des défauts qui rendent parfois le visionnage pénible. En gros, les défauts opposés au précédent.

vendredi 8 mars 2013

Assez.

Aujourd'hui, c'est la journée internationale des droits des femmes. Abrégé par les pubards et les journaleux en "journée de la femme" parce qu'ils ont du mal au-delà de 3 mots de suite. Chaque année, c'est pareil, ça se transforme en journée de la blague machiste, florilège de bons mots bien pourraves, festival des meilleurs moments des épisodes de Capitaine Flam.
J'en ai ras le cul.
C'est pas comme si les 364 autres jours (+1/4 et parfois même une seconde intercalaire) étaient dénué de tout cela, bon sang. C'est aujourd'hui l'occasion de discuter un peu de ressenti, de se mettre un peu à la place de l'autre, de faire preuve d'un peu d'empathie et d'aller voir ce qui se passe pour elles dans le reste du monde parce que la situation est pas franchement à l'humour.

Regardez comme c'est rigolo :

/o\
  • En France métropolitaine, une femme sur dix est victime de violences conjugales (enquête Enveff menée sur des femmes de 20 à 59 ans victimes au cours de l’année 1999). 
  • En France, en moyenne, une femme meurt tous les trois jours des suites de violences au sein du couple.
(Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Violence_conjugale => étude du ministère de l'intérieur)
 
Alors calmez un peu vos jeux de mots poucraves qui sont de toutes manières les même chaque année et gardez-les pour le reste de l'année. Ou pour vous. Ou pour jamais, pour personne.

Merci.

jeudi 7 mars 2013

Il suffit de demander. Gentiment.

Amanda Palmer, ancienne moitié du groupe The Dresden Dolls, parle lors d'une conférence de TED de changer les mentalités sur le paiement de la musique et autres créations artistiques hautement distributives. En résumé : au lieu de les forcer à payer.... Demandez leur de payer. Un changement de paradigme important dans le cadre de biens transfinis. Et elle aune bonne expérience de son sujet, étant donné qu'elle est à l'origine du Kickstarter le plus réussi à ce jour.

Amanda Palmer, the Art of Asking

C'est en anglais, mais y'a un transcript disponible sur le site du TED.

Ce n'est pas parce qu'on n'en parle plus dans les médias

... que ça va mieux en Grèce. Avec notre société qui fait ressembler un poisson rouge à un champion olympique de Memory et de Mastermind, on oublie souvent que les drames, les crises et les malheurs qui font le beurre dans les épinards médiatiques continuent bien longtemps après le départ des caméras. Vous l'aviez oublié, mais pendant que l'essentiel des médias français se concentrent sur la sortie incroyablement arrogrante et suffisante de l'ex-président, des enfants meurent encore de fin en Afrique, la misère est toujours là à Haiti, Fukushima est toujours aussi radioactive et la Grèce est toujours autant dans la merde. Au final, c'est sur nous que ça me fait me poser des questions : on se lasse de se faire répéter que ça va mal, on réclame qu'un malheur chasse l'autre afin de nous divertir avant l'essentiel nouvel épisode de série télé. Récemment, une crise électrique a coupé l'électricité de plusieurs villes de banlieue. Pendant que le CHU du coin se demandait comment il allait faire survivre ses patients, que s'est il passé ? Des trouzaines de crétins se sont précipités sur Twitter pour préciser que rater l'épisode d'une série débile était le plus grand malheur de leur vie récente.
Je me rappelle il y a quelques années quand une coupure électrique avait mené à un boum démographique. heureusement, aujourd'hui, on a des smartphone et twitter pour ne pas parler à l'autre. Et bientôt les télés permettant de regarder deux programmes séparément pour au moins n'avoir rien non plus à se dire après le film.Ouf.

Bon, j'arrête là mon acrimonie, elle me fatigue moi-même. Je crois que je suis un peu las. Je vais donc revenir à l'objet initial et parler théâtre.

Vive la crise, comédie St Michel

Dans Vive La Crise, une pièce d'Alexandre Kollatos, une jeune troupe d'acteurs particulièrement dynamique nous raconte, sous la forme de tableaux, la mise à mort économique de la Grèce par les marchés financiers et les drames qui s'en sont ensuivi. Par petites touches, parfois dramatiques, parfois humoristiques, on nous conte avec une incroyable énergie l'enfoncement de la Grèce dans la misère et les délires "austéritaires" réclamés par tous (et dont un des chefs économistes du FMI a écrit, récemment, qu'en fait c'était peut être un remède pire que le mal - sans déc ?).

La pièce commence par des leaders dans un asile psychiatrique, caricatures de l'image projetée par les médias dans l'inconscient collectif. Une grèce complètement infantile, une allemagne à la Merkel autoritaire avec des relents bruns, une France faite d'un Sarko égocentrique tout en tics, une italie d'un Berlu obsédé sexuel, un FMI cupide, etc. Le tableau suivant explique plusieurs choses, tranquillou, aux touristes de la Grèce que nous sommes : un peu de société, d'histoire, le Routard à la main. Ce n'est qu'après que la pièce commence.

Les malheurs commencent. L'économie s'effondre. Papandréou, en premier de la classe ultrabrite fait passer des mesures de pire en pire. Les gens commencent à s'en aller. Pauvreté, misère, émeutes, suicides... Jusqu'à la mise à mort politique du premier ministre grec à Cannes. Et pas vraiment de sortie. Si les médias sont partis, les problèmes sont, eux, toujours là.

C'était vraiment une chouette pièce de théâtre, avec des acteurs très dynamiques (mention spéciale à l'acteur qui joue Papandréou), bien menée. La mise en scène est pleine d'idées originales. Dans un si petit espace avec autant de comédiens, l'action aurait pu devenir inintelligible mais non, l'attention est toujours concentrée au bon endroit par le jeu d'acteurs, la mise en scène, les lumières ou le texte.
Ma seule critique serait qu'il s'agit d'un réquisitoire, complètement à charge, qui nécessite l'équilibrage d'autres sources d'information. Cependant, cela fait du bien de se remettre toute cette litanie de la récession et du malheur en tête, car (cf. billet sur La Survie de l'Espèce) on est pas prêts de changer de mode de fonctionnement et c'est un peu ce qui nous attend tous.

Vive La Crise, une pièce d'Alexandre Kollatos à la Comédie St Michel jusqu'au 30 mai 2013.