jeudi 7 mars 2013

Ce n'est pas parce qu'on n'en parle plus dans les médias

... que ça va mieux en Grèce. Avec notre société qui fait ressembler un poisson rouge à un champion olympique de Memory et de Mastermind, on oublie souvent que les drames, les crises et les malheurs qui font le beurre dans les épinards médiatiques continuent bien longtemps après le départ des caméras. Vous l'aviez oublié, mais pendant que l'essentiel des médias français se concentrent sur la sortie incroyablement arrogrante et suffisante de l'ex-président, des enfants meurent encore de fin en Afrique, la misère est toujours là à Haiti, Fukushima est toujours aussi radioactive et la Grèce est toujours autant dans la merde. Au final, c'est sur nous que ça me fait me poser des questions : on se lasse de se faire répéter que ça va mal, on réclame qu'un malheur chasse l'autre afin de nous divertir avant l'essentiel nouvel épisode de série télé. Récemment, une crise électrique a coupé l'électricité de plusieurs villes de banlieue. Pendant que le CHU du coin se demandait comment il allait faire survivre ses patients, que s'est il passé ? Des trouzaines de crétins se sont précipités sur Twitter pour préciser que rater l'épisode d'une série débile était le plus grand malheur de leur vie récente.
Je me rappelle il y a quelques années quand une coupure électrique avait mené à un boum démographique. heureusement, aujourd'hui, on a des smartphone et twitter pour ne pas parler à l'autre. Et bientôt les télés permettant de regarder deux programmes séparément pour au moins n'avoir rien non plus à se dire après le film.Ouf.

Bon, j'arrête là mon acrimonie, elle me fatigue moi-même. Je crois que je suis un peu las. Je vais donc revenir à l'objet initial et parler théâtre.

Vive la crise, comédie St Michel

Dans Vive La Crise, une pièce d'Alexandre Kollatos, une jeune troupe d'acteurs particulièrement dynamique nous raconte, sous la forme de tableaux, la mise à mort économique de la Grèce par les marchés financiers et les drames qui s'en sont ensuivi. Par petites touches, parfois dramatiques, parfois humoristiques, on nous conte avec une incroyable énergie l'enfoncement de la Grèce dans la misère et les délires "austéritaires" réclamés par tous (et dont un des chefs économistes du FMI a écrit, récemment, qu'en fait c'était peut être un remède pire que le mal - sans déc ?).

La pièce commence par des leaders dans un asile psychiatrique, caricatures de l'image projetée par les médias dans l'inconscient collectif. Une grèce complètement infantile, une allemagne à la Merkel autoritaire avec des relents bruns, une France faite d'un Sarko égocentrique tout en tics, une italie d'un Berlu obsédé sexuel, un FMI cupide, etc. Le tableau suivant explique plusieurs choses, tranquillou, aux touristes de la Grèce que nous sommes : un peu de société, d'histoire, le Routard à la main. Ce n'est qu'après que la pièce commence.

Les malheurs commencent. L'économie s'effondre. Papandréou, en premier de la classe ultrabrite fait passer des mesures de pire en pire. Les gens commencent à s'en aller. Pauvreté, misère, émeutes, suicides... Jusqu'à la mise à mort politique du premier ministre grec à Cannes. Et pas vraiment de sortie. Si les médias sont partis, les problèmes sont, eux, toujours là.

C'était vraiment une chouette pièce de théâtre, avec des acteurs très dynamiques (mention spéciale à l'acteur qui joue Papandréou), bien menée. La mise en scène est pleine d'idées originales. Dans un si petit espace avec autant de comédiens, l'action aurait pu devenir inintelligible mais non, l'attention est toujours concentrée au bon endroit par le jeu d'acteurs, la mise en scène, les lumières ou le texte.
Ma seule critique serait qu'il s'agit d'un réquisitoire, complètement à charge, qui nécessite l'équilibrage d'autres sources d'information. Cependant, cela fait du bien de se remettre toute cette litanie de la récession et du malheur en tête, car (cf. billet sur La Survie de l'Espèce) on est pas prêts de changer de mode de fonctionnement et c'est un peu ce qui nous attend tous.

Vive La Crise, une pièce d'Alexandre Kollatos à la Comédie St Michel jusqu'au 30 mai 2013.

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