vendredi 19 décembre 2014

La Quadrature du Net risque de fermer boutique

La Quadrature du Net est au bord de la banqueroute. Pas assez de dons, des citoyens qui s'en tapent, des e-citoyens qui s'en fichent et même des "activistes" online qui font rien alors que, pourtant, ils sont sensiblisés à ces sujets.
J'avoue que, moi même, j'avais donné l'an dernier et pas cette année.



Ce qu'ils font, c'est rien d'autre que tenter de maintenir Internet libre, plutôt que de le voir transformé en combinaison de supermarché, de cauchemar de George Orwell et de terreur nocturne de Franz Kafka.

Si vous lisez ce blog, c'est que le sujet vous intéresse. Allez donc faire un clic et un don sur la bannière à droite de ce billet. Ce sera bien pour tout le monde et ce sera toujours mieux que d'acheter une autre merdouille de Noël au cousin au quatorzième degré. Là, vous faites un cadeau à TOUS.

mercredi 10 décembre 2014

Pirate Bay est offline



Bref, comme il le dit mieux que moi, je préfère vous laisser lire un article complet, bien écrit et concis sur le sujet. Allez, allez... La médiocrité intellectuelle de la classe politique, tout pays et partis confondus, de notre époque est sans égale dans toute l'Histoire.

jeudi 30 octobre 2014

Sécurise ta vie internet, bon sang !

Salut  vous tous qui me lisez si nombreux (les beaux jours, vous êtes un poil au-dessus de 10, c'est dire).

On donne de plus en plus de présence à Internet dans notre vie. Blogs, fessebouc, réseaux sociaux, achats numériques... Et malgré ça, y'a des gens qui viennent se plaindre que leur vie est déballée sur le net. Je me suis décidé à moi aussi faire un petit guide. C'est parti. Note préliminaire importante : ce guide ne prétend ni être exhaustif ni vous protéger de partout ou avec une quelconque certitude. Je vous file des conseils pour que votre sécurité soit "mieux que rien", c'est tout.

D'abord, ton navigateur.
- oublie Internet Explorer. Désinstalle-moi cette drouille. Installe autre chose, un Firefox, un Opera, un Chrome/Iron, etc.
- ensuite, tu ouvre les préférences de ton logiciel, et tu mets fin à tout ce qui te paraît faille de sécurité : oui, je veux utiliser du crypté, non je veux pas conserver mes données navigateurs, non je veux pas de cookie tiers, non je veux pas que les cookie restent advitam sur mon ordi, etc.
- ensuite, c'est la foire aux plugins : d'abord, tu installes Adblock (et pas Adblock plus). T'es si fan de pub que tu veux t'en manger chaque fois que tu ouvres un fenêtre ? Moi non plus. Ite missa est. Après, tu me fais le plaisir d'installer HTTPS Everywhere pour que, chaque fois qu'il le peut, ton navigateur utilise la version sécurisée/cryptée des sites auxquels il accède. Zou. On continue : Privacy Badger, Ghostery, DoNotTrackMe... Ces plugins font que ton navigateur arrête de nourrir les sites que tu visites avec tes infos perso. Ils demandent un peu de tuning chaque fois que tu accèdes à un nouveau site web mais on s'y fait vite. Les derniers : NoScript (fini les petits programmes qui tournent en douce sur l'ordi), Mailvelope (pour crypter/signer tes emails).

Ensuite, ton utilisation des réseaux sociaux.
Le mieux, c'est de ne pas en utiliser. Ok, bon, je te connais... T'as pas résisté, hein ? Bon, pour fessebouq, il te faut l'extension Social Fixer, qui corrige pas mal de merdouilles sur ce site, y compris sur la présentation globale.
Mais, avant ça, tu vas un peu te sortir les doigts : d'abord, tu organises tes contacts en groupes/listes/cercles de sécurité croissante. Ex : ta famille, tes amis proches à la vie à la mort, tes amis, tes connaissances, le reste du monde. Et tu arrêtes de poster en mode "public", bordel. C'est pas parce qu'un contact s'appelle "ami" sur fessebulles que c'est un ami. Hint : c'est qu'un contact. Maintenant que tu postes que pour une audience limitée, tu vas aussi aller dans les réglages de sécurité de ton réseau social et virer tout ce qui est en mode "public" pour tout mettre en "personne sauf..." ou équivalent en désignant des groupes/listes précis à chaque fois. Tac.

Les mails ? T'as installé mailvelope, c'est bien. Si tu peux, essaie de monter un serveur mail sur ton ordi, c'est encore le mieux mais c'est chaud. Donc, si tu veux, reste sur un gros fournisseur gratuit (et prie). Google semble encore pas trop crade pour le moment sur le contenu des mails...

Passons aux mots de passe et logins. Déjà, tu vas aller sur tout les sites que tu utilises et activer le login en deux étapes. En gros, chaque fois que quelqu'un se connecte avec ton compte sur ton ordi, un mot de passe envoyé par SMS est demandé en plus. Il faut donc aussi avoir le téléphone correspondant pour se connecter (dommage si tu te fais voler ton téléphone en même temps que ton ordi, mais ça complique le crackage du compte sans se rendre coupable de voies de fait et recel et c'est déjà pas mal).
Ensuite, tu peux envisager de te faire un mot de passe "normal" pour les sites de sécurité faible : forums, sites à la con où tu files aucune données perso, pas même ta date de naissance. Inutile de se faire trop chier. Après ça, les sites clefs : mail, banque, etc. Là, tu me sors le grand jeu. Des mots de passe _différents_. Long, chiants, imbitables. Eeeeeh oui.
Si ça te casse les gonades, utilise un truc genre 1password. C'est pratique et ça marche bien (en plus, c'est directement intégré aux applications sur certains OS, tels iOS8). Ca va te générer des mots de passe ultra clean pour chaque site et tu n'auras plus qu'un (long, chiant, imbitable) mot de passe à mémoriser, celui de ce qui n'est autre qu'un trousseau de clefs.
Enfin, le compte mail de récupération des mots de passe : tous les services internet te demandent de fournir une adresse mail pour récupérer le mot de passe en cas de perte. Les sites de basse et moyenne importance, tu les fais pointer sur ton compte mail. Les sites de haute importance (dont le susdit compte mail), tu les fais pointer sur une autre adresse mail, dédiée à ça et uniquement ça, avec un mot de passe de la mort et le login en deux étapes. Et tu ne parles à personne de cette adresse, tu ne la notes nulle part. Tu la mémorises (un mail, un seul, ça va aller ?).

Dernier point, ton portable. Bon, là c'est la chouette pompe à info, comme n'importe qui avec un sniffer buvant son café dans un starbuck pourra te confirmer. On va limiter la casse : si tu peux, tu installes des trucs qui chiffrent tes données et tu mets les paramètres de sécurité de ton téléphone à fond. Oui, tu veux les alertes SMS mais tu ne veux pas que le texte du SMS ou même le nom de l'auteur s'affiche sur l'écran, c'est comme ça, c'est tout.
Pitié, tu me désinstalles Whatsapp et tu dis à tes amis d'utiliser, comme toi, Wickr.

Après, tes ordinateurs à la maison, t'es pas forcé de passer sur Tails (une distribution de linux dédiée à la sécurité) ou même d'utiliser Truecrypt, TOR &C°... On parlait juste d'arrêter de distribuer toutes ses infos sur le net comme une semeuse dans un champ...

Allez, je te laisse googler tous ces trucs. Y'en a quelques uns liés dans un encadré quelque part sur cette page, ça te fera un point de départ.

jeudi 16 octobre 2014

Easy, Hélène... (4/3)

Je vous l'avais dit, que je dépasserai.



Ce livre recueille les interventions de Marcos (et de quelques autres) lors de deux sommets organisés par l'EZLN en 2007 et 2009. Lors de chaque journée de chaque sommet, Marcos prononce un discours de clôture de la journée, ce qui est bien normal, mais ceux-ci sont en plus structurés pour former un tout cohérent si on les rassemble comme ici.
A l'exception d'un site de courageux, il faut savoir que les communiqués de l'EZLN au delà des deux premières années n'ont pas été traduits en français, pas sous la forme de livres en tout cas. Faute d'intérêt du public, je suppose... On peut pas demander à un petit éditeur de se saborder pour me faire plaisir. Et avec le silence des médias en règle générale, sauf quelques événements de grande ampleur, il est difficile de savoir où en est l'expérience zapatiste.
Au cours des discours ici présentés, on en apprend plus sur l'état - en 2009 - de cette expérience, principalement le fonctionnement des "caracoles", communes autonomes zapatistes. Réussir à s'autogouverner autrement, dans le tâtonnement mais avec un objectif précis en tête, est un exploit sur une si longue durée. Ce n'est pas sans me rappeler l'expérience Christiana au Danemark, qui avait réussi à surmonter les problèmes de leur communauté.
Dans l'ouvrage, l'introduction de Jérôme Baschet et les annexes donnant les grands événements date par date permet de se faire une idée du tango compliqué qu'a mené l'EZLN avec les politiques mexicains, avec de nombreux retournements et trahisons, essentiellement par le gouvernement du Mexique (je rappelle que ce livre est écrit par le porte parole du mouvement).
Je me demande où en est l'EZLN en 2014, soit 5 ans après ce livre.

D'un point de vue littéraire, si le talent de Marcos est bien là, il est nécessaire d'avoir lu les deux Ya Basta! évoqués précédemment et le polar "Des Morts Qui Dérangent" pour avoir une idée de qui sont tous ces personnages évoqués par Marcos et de quoi, au juste, il est en train de parler.

Saisons de la Digne Rage, du Sous Commandant Insurgé Marcos, chez Climats, ISBN 2081220466

mercredi 24 septembre 2014

Easy, Hélène... 3/3

Je vous ai beaucoup parlé des contes qui émaillent les communiqués de l'EZLN. Si tenter de lire les deux ans de communiqués dans leur entièreté ne vous motive pas, vous pouvez vous procurer plusieurs ouvrages recueillant ces fameux contes... Contes qui montrent que le merveilleux et le rêve ne sont pas séparés de la lutte. A quoi bon se battre si on ne sait plus rêver ? Comme le dit Marcos : "Si ta révolution ne sait pas danser, ne m'invite pas à ta révolution !"



Le Récit du Vieil Antonio est le conte consacré à l'invention des couleurs par les dieux. Le monde était en noir et blanc, les humains s'aimaient mais les dieux avaient envie d'améliorer tout ça et découvrent par hasard, par jeu et par recherche des couleurs par lesquelles embellir le monde. Le rouge, le vert, le bleu et les autres couleurs sont alors utilisées par les dieux et le monde devient beau. Et, pour les ranger quelque part, c'est comme ça que l'ara s'est retrouvé si coloré : elles étaient toutes au même endroit. Un magnifique conte sur la diversité et la beauté de celle-ci.
L'ouvrage est mis en page pour en faire un livre de contes pour enfant, avec des illustrations pleine pages et le texte en gros caractères et découpé en bref passage accompagnant les images.

Le Récit du Vieil Antonio ou comment les indiens du Mexique racontent la belle et indispensable diversité du monde, écrit par le Sous Commandant Insurgé Marcos et illustré par Benoît Morel chez Oskar Jeunesse, ISBN n°9782350008066

Note : les meilleures trilogies sont en quatre parties et en cinq volumes. Cette série de billets ne fait pas exception ;)

mercredi 13 août 2014

Même Solange s'y met...


La vidéo est "safe for work" (tout public, quand on parle pas l'Internet-djeunz)

Edit : j'ajoute cette autre (tout public aussi) :

mardi 12 août 2014

Easy, Hélène... (2/3)

Voici donc le second billet de cette série sur l'EZLN. La dernière fois, le livre évoqué couvrait l'année 1994. Cette fois-ci, il s'agit des communiqués zapatistes de l'année 1995, sous-titré "Vers l'internationale zapatiste". On suit, à nouveau, du point de vue zapatiste, le déroulement de cette longue année, comprenant deux événements forts dans un contexte mexicains extrêmement particulier.



L'année 1995 commence sur une mauvaise note, conformément à ce qui s'annonçait à la fin de l’ouvrage précédent. Le gouvernement lance une campagne militaire visant à mettre fin à la rébellion zapatiste. Des gens seront arrêtés sur simple soupçon, et ce dans tout le pays. Les villages seront mis à sac : maisons ravagées, possessions & récoltes détruites, animaux de ferme tués, etc. Les villageois sympathisants et l'armée zapatiste, par contre, ont refusé le combat et se sont repliés dans les montagnes. Leurs déclarations stipulent qu'ils croient encore à l'issue politique pour le conflit et prouver les mensonges du mauvais gouvernement qui déclare vouloir négocier tout en attaquant...inutilement. La campagne militaire est un échec et, d'ailleurs, pour prouver qu'ils n'avaient pas fui, les zapatistes parviennent à rompre le siège et reconquérir nombre de communes, qui sont alors renommées pour l'occasion, les zapatistes ayant proposé aux habitants de s'organiser comme ils le souhaitaient, ce qui a contribué à redessiner le cadastre local (communiqués "création de nouvelles communes").

Pendant ce temps, au Mexique, en 1995 : la situation économique est désastreuse. Le président précédent a fui le pays parce que, peu à peu, on découvre que lui et sa famille se sont enrichis de toutes les façons imaginables tout en mentant sur l'état économique du pays. Les mesures dues à la récession et l'inflation se multiplient et se suivent. La monnaie est dévalue, tout sombre dans la misère. Les élections locales et nationales sont toutes entachées de fraudes énormes. De nombreux mouvements de la société civiles se mettent en place - dès avant 1994, hein, tel que le mouvement citoyen pour enquêter sur le massacre d'étudiants du 2/10/1968 qui se crée en 1993 - pour réclamer de la transparence et de la démocratie, ainsi que la fin du clientélisme et de la corruption, égaux en objectif avec l'EZLN et la CND. Durant le conflit gouvernement-zapatistes de ce début d'année, l'armée rasera ce qui avait été construit pour le rassemblement organisé par l'EZLN et la CND : détruire le symbole. D'ailleurs, la population mexicaine est bien au courant que son système politique déconne : il a été impossible de cacher que l'état était complètement incompétent lors du tremblement de terre de Mexico, où c'est la société civile qui s'est organisée seule et a repris les choses en main pour s'en sortir.

Au bout d'un moment, le conflit se calme, la trêve reprend. L'EZLN et le gouvernement cherchent des conditions de dialogue. Cela sera très long à mettre en place. Au-delà de demandes de reddition et/ou de désarmement, il est important pour le gouvernement de réduire les problèmes soulevés par les zapatistes à l'échelle locale et non nationale (ce qui est logique d'un point de vue tactique politique) or ceux-ci insistent pour dire que les besoins de démocratie et de justice sont loin d'être locaux. Au final, après de très longues tergiversations, le dialogue s'engage, ce sont les négociations de San Andres. Les premières séries de réunions ne donnent rien, de très gros blocages restent présents. C'est à partir de la 6ème ronde que les choses commencent peu à peu à se mettre en place. Qu'est-ce qui a changé ? Deux choses.
D'une part, l'EZLN a fait organiser une grande consultation nationale et internationale pour voir si l'opinion publique était d'accord avec son combat. Cette consultation recevra 1.2 millions de réponse, avec une écrasante majorité positive (la question sur la validité du combat pour l'égalité des femmes recevra un timide oui avec une très faible majorité, indiquant que y'a encore, à ce moment, un énorme chemin à faire, mais bon).
D'autre part, le monolithe de l'état-parti commence à se craqueler : entre la validation publique du combat de l'EZLN et nombre d'autres mouvements sociaux du même type, l'économie qui se pète la gueule et les scandales électoraux, d'assassinats et d'abus de bien sociaux qui se multiplient, le monolithe commence à avoir deux camps en interne : la vieille garde qui ne veut absolument rien changer et un camp nouveau qui voudrait que, quand même, on nettoie (un peu) la situation.

Le livre se termine au 1er janvier 1996 par un des communiqués zapatistes essentiels : la première déclaration de "La Realidad" contre le néolibéralisme et pour l'humanité, qui est à mettre aux coté des 6 Déclarations de la Jungle Lacandone pour former le corpus du manifeste zapatiste. Je reviendrai sur ces 7 documents dans le prochain billet.

Les accords de San Andres ont vu un premier progrès véritable le 16 février 1996, quand l'EZLN et le gouvernement ont signé la première phase des accords, comprenant les points suivants : respect et reconnaissance des cultures indigènes, préservation des ressources naturelles, participation accrue des indigènes aux organes de décision.gouvernement, plus d'autonomie etc. Au final, le gouvernement n'a pas respecté ses accords et a continué à accomplir des actions néfastes pour les accords (infiltration de paramilitaires, financement des "gardes blanches" sortes de milices locales, etc.)
Le 29 août 1996, par contre, l'EZLN a refusé de continuer les discussions tant que le gouvernement respecterait pas un certain nombre de points : le respect des accords signés, la libération des gens accusés de "zapatisme", etc. Au final, et après une ultime tentative par une organisation de transformer les accords en loi, l'initiative a été rejetée par le gouvernement, mettant fin au processus de paix.
En 2001, un président qui n'était pas du PRI est élu, mettant fin à la domination du système parti-état. Il s'agit de Vicente Fox, du PAN (droite). Malgré ce qui pourrait être cru, rien n'a changé pour les revendications de l'EZLN, et les agressions ont continué.
En 2003, l'EZLN a mis en place les caracoles (escargots), qui sont 8 communes mexicaines autonomes fonctionnant selon les principes politiques de l'EZLN : démocratie participative ("commander en obéissant"), etc. Elles sont encore là aujourd'hui mais sinon, les progrès au sein de la société mexicaine dans son ensemble sont encore lents. Récemment, après deux mandat du PAN, c'est le PRI qui est revenu aux commandes...

Il n'y a pas d'autre volumes (en anglais, apparemment, il existe une compil couvrant la période 1994-2004). L'EZLN a continué ses communiqués jusqu'à aujourd'hui, bien que Marcos aie laissé sa place comme porte-parole le 25 mai 2014, déclarant dans une lettre que celle-ci était sa dernière apparition publique, que la personnalité de Marcos avait été un hologramme et que l'EZLN n'avait plus besoin de son image. La lettre était signée du nom "Sous Commandant Insurgé Galeano", qui est décédé quelques jours plus tôt...

lundi 7 juillet 2014

Le Metatron a bien raison...

... dans le film Dogma (K. Smith) : Honestly, you bottom feeders and your arrogance, you think everybody's just trying to get in your knickers.

Notre civilisation, et là, je parle de l'ensemble de la planète, a une étrange relation de honte et de haine envers les zigounettes et les zézettes. Nous avons peur et honte de notre sexualité et, ainsi même, de ce que nous sommes. On nous as éduqué à cacher, planquer et taire ce qui, au fond, est peut être la plus belle chose que peut faire l'être humain.

Il est ainsi fascinant de voir qu'un film présentant des morts, des guerres et des éviscérations sera tout public ou, en tout cas, lèvera peu de sourcils. Au JT, on vous montrera sans fards la dernière décapitation dans un pays lointain, le petit gamin en train de mourir de faim dans un autre, les corps déchiquetés dans un carambolage, etc. Si deux types se foutent sur la gueule à grandes mandales dans la rue, il y aura bien peu de réactions.
Par contre, les scènes de sexe causeront toujours une limitation de l'âge d'accès à un film. On mettra des mires sur les vidéos et des pastilles sur les photos dans les médias quand il y a de la nudité. Si une paire de personnes étaient nues dans la rue, les flics débouleraient dans les 5' (et là je parle pas de faire l'amour, hein - d'ailleurs, l'exhibitionnisme n'existe que sur la base du dépassement d'un interdit).

Franchement, ça me dépasse. La mort et la violence c'est ok mais l'amour et la sexualité c'est mal ? Faut pas s'étonner, alors qu'on aie des tas de problèmes en tant que société et des palanquées de névroses en tant qu'individus. A ce titre, plus une société est ouverte sur ce genre de sujets, moins elle a de problèmes (comme évoqué dans un billet précédent, les pays qui ont le plus d'ouverture au niveau éducation sexuelle ont le moins de problèmes de grossesses non désirées, les plus basses stats de violences sexuelles etc.). Bref, on est terrifiés par nos pipis. Aussi, rien d'étonnant que la plupart des questions sur le naturisme tournent autour des kikis. Entre ceux qui s'inquiètent de leur potentielle érection, ceux qui sont persuadés que les plages nat' sont des réserves de pervers (ce en quoi ils n'ont pas  toujours tort mais ce lieu, le Cap d'Agde, est devenu ainsi parce que des trouzaines delibertins ont envahi les lieux au grand dam des naturistes. NB, je n'ai rien contre les libertins mais si les médias et les concernés pouvaient avoir le bon goût de faire la différence entre libertinage et naturisme, ce serait mieux pour tout le monde), ceux qui affirment que ça doit tuer la sexualité et, enfin et surtout, le mais est-ce que vous pensez aux enfants?! éternel. Le préjugé, l'avis péremptoire sont de rigueur.

Pour répondre à tout cela, la Fédération Française de Naturisme a réalisé une plaquette. Je doute que quiconque en dehors des naturistes eux-même et des excellents lecteurs de ce blog, le lise, mais c'est dommage. Dommage parce que ça répond aux questions, interrogations et inquiétudes. Ça me rend triste, quelque part.



Vous pouvez la télécharger ICI

Le livre est divisé en plusieurs chapitres, un par sujet (la sexualité, l'adolescence, les enfants, etc.) et répond par expérience, statistiques et études à toutes les questions habituelles. C'est court et très bien fait. Lisez-le.
A noter que les naturiste eux-mêmes sont influencés par la même tendance à la censure. Eux répètent que le naturisme est totalement dénué de sexualité. A croire que c'est un ordre monastique. Non, ce sont des gens normaux, qui vivent normalement une vie normale, avec de la joie et de la peine, de l'amour et du sexe, du jeu et des coupes du monde foot à la télé. Normaux. Et mettre ou non des vêtements n'est, finalement, pas une clause sine-qua-non pour être un humain normal.

Summer of Fail : je sais où je commence...

... mais rarement où je finis.

Mon pote Alias a lancé une idée marrante cet été, il s'agit du "summer of fail". Je vous invite à lire son billet mais, essentiellement, il s'agit de parler de ce que l'on a pas réussi à accomplir.

En fait, j'ai une longue liste d'échecs. Très longue. Parce que je finis pas ce que je comm... Non, désolé, la blague était facile, j'ai pas sur résister. Je disais donc que je termine rarement ce que je commence. J'ai des tonnes d'ébauches, de débuts, de commencement de trucs.

J'avais commencé à rédiger une version perso (avec au début l'aide d'un pote) d'un jeu de rôles célèbre, INS/MV. J'ai fini de rédiger INS en 4 ans. Hm. Reste à écrire les deux autres. Ils ont pas beaucoup bougé depuis bien longtemps.

J'ai commencé d'écrire un jeu de rôles post-cyberpunk où qu'on jouerait des journalistes : cela ressemble à un immense tas de notes. J'ai les 7 premiers chapitres d'un roman, dans lequel j'écris 3 phrases tous les 2 mois pour me persuader que j'ai pas abandonné.

J'adore la photo, j'en prends des tonnes. Comme je fait de l'argentique, je développe mes films, je les scanne et ... et pis voilà. Je les colle sur flickr pas retouchées, pas dépétouillées, etc. Au final, je prends la photo mais je ne termine pas correctement la tâche qui serait de présenter une photographie irréprochable.

J'ai promis une aquarelle à un pote pour illustrer son livre. J'espère ardemment y arriver sous peu, pare que, merde, j'ai promis et j'ai accompli quelques brouillons d'idées.

J'avais un projet d'oeuvre d'art dans les catacombes. J'ai une ébauche du résultat final sur une feuille volante.

J'ai des projets de pochoirs pour poser dans les rues : j'en ai fait quelques uns (et posé) mais le dernier est toujours sur la planche à découper, à moitié fait.

Le problème de cette absence de volonté pour finir les choses, c'est que cela en devient auto-réalisateur. J'en arrive au point où je n'avance plus parce que je sais que je ne finirai pas...

Ce blog est un peu l'unique contre-exemple. Je ne l'ai jamais laissé tomber. Y'a eu des creux, des absences, des retards mais j'essaie de m'y tenir. Et d'ailleurs, il faudrait pour y arriver que je finisse le livre qu'une lectrice m'a offert et que je le fiche. Ensuite, que je fasse les billets annoncés à propos de l'EZLN. Ça devrait le faire.

vendredi 4 juillet 2014

Vis ma vie d'expert

J'ai vécu l'ensemble de cette situation en des occasions séparées (heureusement). C'est en anglais mais putain, ça devrait servir de cours dans toutes les écoles.


Et des fois, on se demande pourquoi on bosse. Ou pourquoi on garde notre civilisation alors que la date de péremption est dépassée depuis trèèès longtemps.

lundi 30 juin 2014

Easy, Hélène... (1/3)

Salut tout le monde. Ça faisait un bail, hein ? Ouais, je sais. Moi aussi. Une telle absence a beaucoup de raisons. La première c'est que j'ai principalement lu des livres non-fichables. Mon horizon commence à se dégager. Et, pour célébrer ce rapide retour, voici un retour sur plusieurs livres, traitant du même sujet, et que j'ai lus en parallèle parce que le sujet m'intéresse énormément.

Beaucoup ont entendu parler du Sous Commandant Insurgé Marcos. Il était le porte-parole de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN pour Ejercito Zapatista de Liberacion Nacional). Et, à ce titre, il rédigeait nombre de leurs communiqués et ce avec un talent rare. Ils ont été regroupés, en 1996, en deux volumes sous le titre ¡Ya Basta! édité chez Dagorno, pour un total de plus de 1100 pages ne représentant que les quelques premières années des communiqués officiels, classés dans l'ordre de publication (à une exception près, qui est un communiqué conçu pour servir de préface à ce type de recueil). Ces communiqués ont la grande qualité d'être abondamment annotés par des spécialistes de l'histoire récente du Mexique, ce qui permet de replacer les communiqués dans leur contexte et d'inclure une bonne partie de l'histoire de l'insurrection.

¡Ya Basta! tome 1 aux éditions Dagorno, ISBN 2910019330



Avec le sous titre "Les insurgés zapatistes racontent un an de révolte au Chiapas", ce livre rassemble les communiqués de l'EZLN de janvier 1994 à octobre 1994.
Le premier janvier 2014, c'était le 20è anniversaire du soulèvement zapatiste. Le matin du premier janvier 1994, alors que tout le Mexique se réveille avec la gueule de bois d'un nouvel an bien arrosé, une armée d'insurgés, cagoulés, prends plusieurs villes lors d'un coup de force dans l'état le plus pauvre du pays, le Chiapas. Pour remettre les choses dans leur contexte, il faut se rappeler qu'à l'époque:
- un parti politique règne sans partage depuis la dernière révolution sur le pays, les élections étant une étrange forme de plébiscite sans réel enjeu.
- le Chiapas est un petit état montagneux, dont la population est en grande majorité indigène. C'est l'état le plus pauvre du pays avec de très fort taux d'analphabétisme, de pauvreté, de malnutrition, d'exclusion. C'est aussi l'état dont était originaire Emiliano Zapata, l'une des deux figures de proue de la révolution de 1910. Enfin, c'est aussi l'un des états les plus riches en matières premières (dont le pétrole et le café).
- l'ALENA vient d'entrer en vigueur et cet accord est très loin d'être en faveur de la population mexicaine.
- Carlos Salinas de Gortari, le président de l'époque, vient de faire passer un accord révisant l'article 27 de la constitution mexicaine, essentiel dans un pays où le droit à la terre est le sujet d'un très grand nombre de conflits et d'ailleurs de la révolte de E. Zapata. Cet article 27 était un pré-requis de l'ALENA et autorisait la privatisation de terres qui avaient étaient mis en gestion communale pour les paysans (ejidos).
- les enlèvements, emprisonnements, meurtres et tortures d'opposants politiques et d'intellectuels sont monnaie courante.

Dès les premiers communiqués, l'EZLN annonce ses intentions. Ils se battent pour obtenir : une démocratie réelle, la justice, l'accès à la terre, l'égalité, l'accès aux soins et à la dignité. Ces demandes ne bougeront pas d'un pouce au cours de l'année.
L'intérêt de lire ce recueil de communiqués est double.

D'une part, on y voit l'évolution de la situation. Comment survivre dans un conflit armé face à un gouvernement qui n'hésitera pas ? En faisant une utilisation intelligente de l'opinion publique internationale. L'EZLN n'est pas tombée dans les pièges habituels de la plupart des insurrections, c'est à dire réclamer des choses d'abord pour soi ("Tout pour tous. Rien pour nous." est un leitmotiv qui revient sans cesse), de ne s'exprimer que par la violence (l'EZLN convoquera des états généraux qui accueilleront près de 5000 personnes), de refuser les chemins légaux (l'EZLN aidera même les élections présidentielles de 1994 sur le territoire qu'elle contrôle), d'éviter le culte du chef (à part un porte-parole identifié, les zapatistes sont anonymes et son commandement ne s'exprime que par des communiqués) et un réel fonctionnement démocratique ("Commander en obéissant" est le second leitmotiv).
Au fur et à mesure de l'avancée de l'année, on voit l'évolution de la mentalité, les espoirs lors des discussions avec le gouvernement, le souhait d'une issue parlementaire. On voit aussi que l'EZLN a su dépasser le marxisme, en appelant, non au "prolétaire" messianique cher à une certaine extrême gauche, mais à la société civile dans son ensemble, aux gens de bonne volonté, aux intellectuels honnêtes, etc. En fait, quiconque souhaite faire avancer le pays dans une direction favorable à la démocratie et au peuple est le bienvenu pour filer un coup de main. Ils ont aussi su dépasser le guévarisme, en souhaitant unifier toutes les formes de lutte et en déclarant qu'ils auraient préféré ne pas avoir à entrer en conflit armé et aimeraient que les voies légales soient de nouveau ouvertes et privilégiées.

D'autre part, on voit aussi le génie littéraire du SCI Marcos. Il faut le dire, ce type sait grave écrire. Les communiqués sont clairs, droits, précis et directs. Les écrits plus personnels sont drôles, touchants, émouvants ou forts. Certains sont des contes, d'autres des poèmes. On y découvre la vie des enfants zapatistes, des contes et légendes servant de paraboles, des rappels d'Histoire et des statistiques sur le Chiapas. On y découvre l'humanité derrière la cagoule. Et il faut dire que quand on se bat "pour l'humanité et contre le néolibéralisme" il est important que l'humanité ne soit pas oublié. Trop souvent, les affiliés marxistes promettent un lendemain de joie et bonheur au prolétaire après le Grand Soir mais oublient d'être humains avant. La Révolution n'est pas un dîner de gala. Peut être, mais pourquoi devrait-on oublier de s'amuser ? Les Zapatistes dansent, chantent, font la fête et écrivent des poèmes. Ils n'oublient pas d'être humains même quand leurs territoires sont entourés de blindés et que les avions de combat vrombissent au-dessus de leur têtes. L'humour est une arme essentielle dans l'arsenal.

Ce tome se termine par des communiqués très sombres : les négotiations n'ont pas porté. Un nouveau président est élu avec des mécanismes de fraude massifs. L'armée se rassemble autour des territoires et un nouvel assaut n'est qu'une question d'heures. "Après un an, rien n'a changé, ici..."

Note : ceci est le premier de trois billets sur le sujet.

vendredi 18 avril 2014

Liberté d'expression

Source : XKCD

Traduction rapide:
Annonce du service public :  Le droit à la liberté d'expression (USA) signifie que le gouvernement ne peut pas vous arrêter pour vos paroles.

Cela ne signifie pas que quelqu'un d'autre doit écouter vos conneries. Ou les héberger. Le 1er amendement ne vous protège ni des critiques, ni des conséquences. Si on vous crie dessus, vous boycotte, annule votre spectacle, vous bannit d'une communauté internet, votre droit à la libre expression n'a été nullement violé. C'est juste que les gens qui vous écoutent pensent que vous êtes un trou du cul et vous montrent la porte.

C'est assez vrai aussi en France.

lundi 14 avril 2014

Un an avec du sang jusqu'aux chevilles

Il y a bien longtemps, les Corbeaux m'avaient conseillé de lire le livre de David Simon. J'ai jamais réussi à regarder le premier épisode de The Wire en entier, malgré plusieurs tentatives, alors bon... J'ai laissé un peu traîner. Et puis il est sorti en poche et j'avais envie de lire du bon gros polar qui tâche.




Pendant un an, David Simon, alors jeune reporter au Baltimore Sun décide de prendre une année sabbatique pour la passer en tant que "stagiaire de la police" au sein de la brigade criminelle de Baltimore, alors une des villes les plus violentes des USA, avec près d'un mort par jour.

Il y suit de près une équipe d'une vingtaine de personnes au cours de leurs enquêtes mais aussi au sein de leur brigade : leurs équipes, les coups politiques, les bitures au bar après le service, les engueulades, les réconciliations. Dans les rues, ça sent la mort, ça deale, ça tue, ça crève. Dans les bureaux, ça sent la bière rance et le vestiaire sans fenêtres. Simon n'a pas son pareil pour nous amener à la rencontre de ses camarades d'une année difficile. Au cours des enquêtes, il nous présente chaque inspecteur, chaque supérieur. Ce ne sont pas des personnages. Ce sont des êtres humains qui font l'un des boulots les plus difficile de la planète. Simon s'acharne aussi à détruire toutes nos habitudes, toutes nos attentes, en manière de polar. Le crime parfait existe. Les méchants sont souvent impunis. Les empreintes sont très rares et ne prouvent souvent rien. Les jurés sont rarement malins et le doute est toujours raisonnable à leurs yeux. Etc.


Il en extrait aussi un ensemble de règles de l'enquête criminelle : "tout le monde ment.", "La victime n'est tuée qu'une fois. La scène du crime peut être assassinée mille fois.", etc. Toute ces règles et ce panorama d'une année à vivre la criminelle de l'intérieur seront le matériel premier du succès de ses séries policières postérieures.

Aussi, les différentes postfaces écrites lors de rééditions permettent à Simon de revenir sur son travail et à un des membres de la brigade de donner son avis, bien après la sortie du livre. Une réponse essentielle à la question qui se pose toujours dans ce genre de cas : "et, après, que sont ils devenus ?"

Bref, c'est une grosse grosse claque dans la gueule de Sherlock Holmes et des médiocres séries type Les Experts, ainsi que dans tous les polars à la Colombo. Non, vous n'apprenez pas qui est l'auteur du crime le plus horrible de tous le livre, car il n'est pas résolu (et ne le sera jamais). Le lecteur ne peut pas refermer le livre la conscience tranquille, les méchants d'un coté des barreaux et lui de l'autre. Le lecteur aura rarement le mobile du crime et, s'il le mobile existe, il est rarement intelligent. Etc.


Au delà de cela, le livre est extrêmement bien écrit, dans un style journalistique, et se dévore rapidement. J'ai rarement plié un pavé de 1000 pages aussi vite. Un livre à lire absolument si on est fan de polar, histoire d'avoir enfin un aperçu du réel. Un livre à lire absolument quand on vote pour toujours plus d'ordre et de sécurité, afin d'avoir là aussi, enfin, un aperçu du réel.

vendredi 21 mars 2014

Interlude

Hm.
Ça remet en perspective certains discours...

mercredi 26 février 2014

Le Club des Acheteurs de Dallas

L'autre jour, je suis allé voir un film qui m'a mis une bonne beigne par sa violence psychologique.


En 1985 à Dallas, Ron Woodworf est un pégueu, électricien alcoolique et cocaïnomane, homophobe et qui aime le rodéo. Il se trimbale une sale toux et a des absences. Il finit à l'hôpital et est diagnostiqué malade du sida. Pour lui, impossible qu'il aie cette "maladie de pédés" mais la réalité est bien là. A l'époque, les hôpitaux se remplissent de malades et personne ne sait vraiment quoi faire. Une compagnie pharmaceutique obtient un "fast track" pour que soit autorisé l'AZT, qui avait été interdit une première fois du fait de sa haute toxicité dans le soin du cancer. Woodworf corrompt un infirmier pour obtenir de l'AZT, seulement utilisé pour les tests mais finit par ne plus en trouver. Il se rend alors au Mexique pour y rencontrer un médecin interlope. Celui-ci, qui fait aussi face à l'épidémie, sait que l'AZT est dangereuse et n'est pas limité par la réglementation de la FDA. Comme il lit la presse scientifique, il est au fait des autres tentatives médicamenteuse dans le monde et opte pour des soins qui ne traitent pas mais ralentissent la progression tout en aidant les patients. Découvrant cela, Woodworf va tout faire pour que les malades obtiennent des traitements alternatifs moins toxiques, en faisant de la contrebande de ces produits qui ne sont pas interdits mais pas autorisés non plus. De plus, à force de fréquenter les milieux gays, il finira par mettre de l'eau dans son vin.

Le film est dur. Vraiment dur. Les deux acteurs sont extrêmement convaincants en malades. La violence de la FDA qui refusent que des mourants puissent essayer tout ce qu'ils peuvent est difficilement supportable (toujours ce problème américain des revolving doors dans la FDA que l'on retrouve dans "Le Monde selon Monsanto"). J'ai découvert par ce film ce pan de l'histoire pharmaceutique des Etats-Unis et franchement, ça vaut le déplacement.

A la fin du film, quand les lumières se sont rallumées, le silence dans la salle était éloquent. Je crois qu'il faisait partie du film.

jeudi 20 février 2014

Economix

Mike Goodwin, l'auteur de l'excellent Economix vient expliquer un peu ce qui se cache derrière les traités commerciaux (le TPP mais en fait... tous).

Une EXCELLENTE lecture (en anglais).

Et puis celui sur la sécurité sociale.

mercredi 12 février 2014

Tous à walp

Un de nos politiques a dit des âneries sur un livre pour enfant qu'il n'a probablement pas ouvert. Martin Vidberg, de n'actualité en patates, a ouvert une idée élégante : tous les dessinateurs peuvent proposer un dessin sur le thème "tous à poil", qu'il hébergera.
Avis aux amateurs, donc, c'est là : http://vidberg.blog.lemonde.fr/2014/02/12/tous-a-poil-pour-le-14-fevrier/
EDIT : la galerie finale est ici.

Amusez vous bien. J'ai moi même envoyé une participation (à mon faible niveau).

Quant au livre, pour l'avoir feuilleté : y'a pas de quoi fouetter un chat. Il est joli, bien fait, sobre, amusant.



Plus d'informations. A noter que ce livre est sur une liste, non pas du gouvernement, mais de parents qui ont listé les livres pour leurs enfants, ceux qu'ils ont préférés.



Tous à Poils, de Claire Franek et Marc Daniau
aux Editions du Rou ISBN 2812602066

Intermède musical

Jérémie Zimmermann est le frontman du groupe de (cypher) punk "La Quadrature du Net" et il nous propose son dernier, tube, "Rien à Cacher".


Bientôt à Eurovision mais déjà partout sur votre Internet...

lundi 10 février 2014

Ca pourrait se passer près de chez vous.

L'autre soir, j'ai regardé le film God Bless America, de Bobcat Goldthwait. L'histoire : un américain banal vit à coté d'un couple de débiles, travaille avec des crétins et regarde de la merde à la télévision. Tout le monde se reconnaîtra dans son portrait ainsi que dans la critique qu'il fait de la société, ici hautement caricaturée mais finalement pas si éloignée de l'état actuel des choses. Lorsqu'il découvre qu'il va mourir d'une tumeur cérébrale, il s'embarque dans un road trip où il va buter les gens qui le gonflent, accompagné par une jeune ado qui partage son ras-le-bol.



Ce film s'incrit dans la lignée de pas mal d'autres films. Je pense d'abord à Chute Libre (1993), où un homme vient de perdre son emploi, en as ras-le-bol et va se retrouver dans une spirale de violence. Je pense ensuite vaguement à Idiocracy (2006), où la société est submergée par de plus en plus de débiles. Je pense, enfin et surtout, à C'est Arrivé Près de Chez Vous (1992) où, pour un reportage de télé-réalité, on suit un tueur en série. On ajoute à cette liste Natural Born Killers (1994) qui a bien ce principe du roadtrip d'un couple de spree-killers, sans la critique de la société (quoique, il y a quand même une critique de la télévision qui transforme les deux tueurs en stars de télé).

Avez-vous remarqué la proximité des dates de sortie de tous ces films ? C'est une tendance forte des années 90. D'ailleurs, la décennie se termine sur Fight Club (1999), où le consumérisme est critiqué via une étonnante auto-destruction.

Le gros défaut de God Bless America, c'est son manque de recul. Il s'agit d'un défouloir. On nous fait adhérer aux personnages principaux, qui accomplissent un truc dont on a toujours - dans un gros moment d'énervement - rêvé, saupoudré de quelques slogans bien sentis ("A quoi bon parler de civilisation quand plus personne ne veut se comporter en civilisé ?"). Et ? Et c'est tout.

Le génie de C'est Arrivé Près De Chez Vous, c'est de parvenir à accomplir une critique de ceci. L'assassin, Benoît, est moqueur, drôle et attachant. On le trouve de plus en plus sympathique. On devient son pote au cours de la première moitié du film... Mais au milieu du film, un instant d'horreur, auquel le spectateur-voyeur participe par le truchement de son inclusion à l'équipe de tournage du film (son oeil-caméra) fait réaliser, rétrospectivement, l'horreur de tout ce qui a précédé. Le piège s'est refermé et, à partir de cet instant, le spectateur s'est pris la leçon dans la trogne et la seconde moitié du film achève la punition pour avoir adhéré à la première moitié.

God Bless America, au contraire, tombe dans le piège facile qui est de faire ce qu'il critique au début. Le personnage abandonne sa sacro-sainte civilisation et finit par devenir ce qu'il déteste sans qu'à aucun moment le film ne se pose la question. Dommage. Reste quelques bonnes répliques...

God Bless America, sorti le 11 septembre 2011 (je doute que ça soit un hasard)
de Bobcat Goldthwait

jeudi 6 février 2014

Les ressources humaines du futur

Hier, je suis allé voir une excellente pièce de théâtre, intitulée Contractions, au théâtre Paris Villette. C'était excellent. Deux actrices : Emma est managée de près dans une entreprise moderne, tout de blanc, de chrome et de design, avec des méthodes de management et d'accompagnement des employés fort modernes. CLEER ne renierait pas ces méthodes. Pas plus que le Complexe Alpha.



Dans la conjecture actuelle, il est évident que Emma ne retrouverait pas du travail si elle venait à perdre celui-ci et l'entreprise veille à ce que tout soit parfait pour ses employés et leur productivité. Ainsi, ceux-ci se doivent de fournir des détails précis quant à leurs relations amoureuses au travail. Un geste, un regard, tout ceci peut affecter la productivité des autres et des procédures modernes, efficaces et issues de recherches avancées permettent d'en tirer les conséquences et de prendre les décisions qui s'imposent.

Au cours d'une douzaine d'entretiens entre Emma et son manager, on va voir évoluer la situation de cette employée au sein d'une entreprise Kafkaïenne qui ne veut, évidemment, que son bien. Au début, l'aspect Big Brother est amusant et fait rire. Un peu comme dans C'est arrivé près de chez vous, l'aspect sympathique et amusant nous fait presque adhérer au sujet. Et puis, comme dans le film, un acte d'une horreur barbare nous remet les pieds sur terre et nous renvoie à notre adhésion, notre docilité quant à une situation qui n'avait dès le début rien d'amusant.

Les actrices sont très très fortes : dans l'idée, elles se font face mais grâce à un jeu parfait, elles arrivent à jouer la totalité du spectacle face au public, ce qui permet de mieux voir le jeu d'émotions qui leur traverse le visage.

Au niveau des idées, tout y est. Du rêve humide des managers modernes qui voudraient tout contrôler et transformer leurs employés en drones à la dissolution des responsabilité dans une fantomâtique hiérarchie qui serait toute puissante ("c'est pas moi, c'est la politique de l'Entreprise") en passant par les réorganisation iniques et les entretiens réguliers inutiles. Je pense que les lecteurs de Cleer (L.L. Kloetzer) prendront un plaisir particulier à voir cette pièce.

Contractions
Une pièce de Mike Bartlett (ISBN 9781408108680)
Jusqu'au 8 février 2014 au théâtre Paris-Villette à 20h30 voir sur le site officiel

mardi 7 janvier 2014

Une bonne année

Je vous souhaite à tous une bonne année.
Pour 2014, la résolution sera de se sortir les doigts. Si quelque chose ne vous plaît pas, luttez contre. Pour cela, il y a toutes les échelles, du slacktivisme à l'insurrection armée, et vous n'êtes certainement pas forcé d'aller dans l'extrême.
Pensez aux pétitions.
Pensez à adhérer à des associations.
Pensez à manifester.
Pensez à voter.
Pensez à aborder les sujets autour de vous.

Il y a des liens sur la droite de la page, ça peut aider sur certains sujets qui me tiennent à cœur.

A nation of sheep begets a government of wolves.
- une nation de moutons mérite un gouvernement de loups-
Edward R. Murrow.

Bonne année...
et bonne chance.