vendredi 18 avril 2014

Liberté d'expression

Source : XKCD

Traduction rapide:
Annonce du service public :  Le droit à la liberté d'expression (USA) signifie que le gouvernement ne peut pas vous arrêter pour vos paroles.

Cela ne signifie pas que quelqu'un d'autre doit écouter vos conneries. Ou les héberger. Le 1er amendement ne vous protège ni des critiques, ni des conséquences. Si on vous crie dessus, vous boycotte, annule votre spectacle, vous bannit d'une communauté internet, votre droit à la libre expression n'a été nullement violé. C'est juste que les gens qui vous écoutent pensent que vous êtes un trou du cul et vous montrent la porte.

C'est assez vrai aussi en France.

lundi 14 avril 2014

Un an avec du sang jusqu'aux chevilles

Il y a bien longtemps, les Corbeaux m'avaient conseillé de lire le livre de David Simon. J'ai jamais réussi à regarder le premier épisode de The Wire en entier, malgré plusieurs tentatives, alors bon... J'ai laissé un peu traîner. Et puis il est sorti en poche et j'avais envie de lire du bon gros polar qui tâche.




Pendant un an, David Simon, alors jeune reporter au Baltimore Sun décide de prendre une année sabbatique pour la passer en tant que "stagiaire de la police" au sein de la brigade criminelle de Baltimore, alors une des villes les plus violentes des USA, avec près d'un mort par jour.

Il y suit de près une équipe d'une vingtaine de personnes au cours de leurs enquêtes mais aussi au sein de leur brigade : leurs équipes, les coups politiques, les bitures au bar après le service, les engueulades, les réconciliations. Dans les rues, ça sent la mort, ça deale, ça tue, ça crève. Dans les bureaux, ça sent la bière rance et le vestiaire sans fenêtres. Simon n'a pas son pareil pour nous amener à la rencontre de ses camarades d'une année difficile. Au cours des enquêtes, il nous présente chaque inspecteur, chaque supérieur. Ce ne sont pas des personnages. Ce sont des êtres humains qui font l'un des boulots les plus difficile de la planète. Simon s'acharne aussi à détruire toutes nos habitudes, toutes nos attentes, en manière de polar. Le crime parfait existe. Les méchants sont souvent impunis. Les empreintes sont très rares et ne prouvent souvent rien. Les jurés sont rarement malins et le doute est toujours raisonnable à leurs yeux. Etc.


Il en extrait aussi un ensemble de règles de l'enquête criminelle : "tout le monde ment.", "La victime n'est tuée qu'une fois. La scène du crime peut être assassinée mille fois.", etc. Toute ces règles et ce panorama d'une année à vivre la criminelle de l'intérieur seront le matériel premier du succès de ses séries policières postérieures.

Aussi, les différentes postfaces écrites lors de rééditions permettent à Simon de revenir sur son travail et à un des membres de la brigade de donner son avis, bien après la sortie du livre. Une réponse essentielle à la question qui se pose toujours dans ce genre de cas : "et, après, que sont ils devenus ?"

Bref, c'est une grosse grosse claque dans la gueule de Sherlock Holmes et des médiocres séries type Les Experts, ainsi que dans tous les polars à la Colombo. Non, vous n'apprenez pas qui est l'auteur du crime le plus horrible de tous le livre, car il n'est pas résolu (et ne le sera jamais). Le lecteur ne peut pas refermer le livre la conscience tranquille, les méchants d'un coté des barreaux et lui de l'autre. Le lecteur aura rarement le mobile du crime et, s'il le mobile existe, il est rarement intelligent. Etc.


Au delà de cela, le livre est extrêmement bien écrit, dans un style journalistique, et se dévore rapidement. J'ai rarement plié un pavé de 1000 pages aussi vite. Un livre à lire absolument si on est fan de polar, histoire d'avoir enfin un aperçu du réel. Un livre à lire absolument quand on vote pour toujours plus d'ordre et de sécurité, afin d'avoir là aussi, enfin, un aperçu du réel.