mercredi 13 août 2014

Même Solange s'y met...


La vidéo est "safe for work" (tout public, quand on parle pas l'Internet-djeunz)

Edit : j'ajoute cette autre (tout public aussi) :

mardi 12 août 2014

Easy, Hélène... (2/3)

Voici donc le second billet de cette série sur l'EZLN. La dernière fois, le livre évoqué couvrait l'année 1994. Cette fois-ci, il s'agit des communiqués zapatistes de l'année 1995, sous-titré "Vers l'internationale zapatiste". On suit, à nouveau, du point de vue zapatiste, le déroulement de cette longue année, comprenant deux événements forts dans un contexte mexicains extrêmement particulier.



L'année 1995 commence sur une mauvaise note, conformément à ce qui s'annonçait à la fin de l’ouvrage précédent. Le gouvernement lance une campagne militaire visant à mettre fin à la rébellion zapatiste. Des gens seront arrêtés sur simple soupçon, et ce dans tout le pays. Les villages seront mis à sac : maisons ravagées, possessions & récoltes détruites, animaux de ferme tués, etc. Les villageois sympathisants et l'armée zapatiste, par contre, ont refusé le combat et se sont repliés dans les montagnes. Leurs déclarations stipulent qu'ils croient encore à l'issue politique pour le conflit et prouver les mensonges du mauvais gouvernement qui déclare vouloir négocier tout en attaquant...inutilement. La campagne militaire est un échec et, d'ailleurs, pour prouver qu'ils n'avaient pas fui, les zapatistes parviennent à rompre le siège et reconquérir nombre de communes, qui sont alors renommées pour l'occasion, les zapatistes ayant proposé aux habitants de s'organiser comme ils le souhaitaient, ce qui a contribué à redessiner le cadastre local (communiqués "création de nouvelles communes").

Pendant ce temps, au Mexique, en 1995 : la situation économique est désastreuse. Le président précédent a fui le pays parce que, peu à peu, on découvre que lui et sa famille se sont enrichis de toutes les façons imaginables tout en mentant sur l'état économique du pays. Les mesures dues à la récession et l'inflation se multiplient et se suivent. La monnaie est dévalue, tout sombre dans la misère. Les élections locales et nationales sont toutes entachées de fraudes énormes. De nombreux mouvements de la société civiles se mettent en place - dès avant 1994, hein, tel que le mouvement citoyen pour enquêter sur le massacre d'étudiants du 2/10/1968 qui se crée en 1993 - pour réclamer de la transparence et de la démocratie, ainsi que la fin du clientélisme et de la corruption, égaux en objectif avec l'EZLN et la CND. Durant le conflit gouvernement-zapatistes de ce début d'année, l'armée rasera ce qui avait été construit pour le rassemblement organisé par l'EZLN et la CND : détruire le symbole. D'ailleurs, la population mexicaine est bien au courant que son système politique déconne : il a été impossible de cacher que l'état était complètement incompétent lors du tremblement de terre de Mexico, où c'est la société civile qui s'est organisée seule et a repris les choses en main pour s'en sortir.

Au bout d'un moment, le conflit se calme, la trêve reprend. L'EZLN et le gouvernement cherchent des conditions de dialogue. Cela sera très long à mettre en place. Au-delà de demandes de reddition et/ou de désarmement, il est important pour le gouvernement de réduire les problèmes soulevés par les zapatistes à l'échelle locale et non nationale (ce qui est logique d'un point de vue tactique politique) or ceux-ci insistent pour dire que les besoins de démocratie et de justice sont loin d'être locaux. Au final, après de très longues tergiversations, le dialogue s'engage, ce sont les négociations de San Andres. Les premières séries de réunions ne donnent rien, de très gros blocages restent présents. C'est à partir de la 6ème ronde que les choses commencent peu à peu à se mettre en place. Qu'est-ce qui a changé ? Deux choses.
D'une part, l'EZLN a fait organiser une grande consultation nationale et internationale pour voir si l'opinion publique était d'accord avec son combat. Cette consultation recevra 1.2 millions de réponse, avec une écrasante majorité positive (la question sur la validité du combat pour l'égalité des femmes recevra un timide oui avec une très faible majorité, indiquant que y'a encore, à ce moment, un énorme chemin à faire, mais bon).
D'autre part, le monolithe de l'état-parti commence à se craqueler : entre la validation publique du combat de l'EZLN et nombre d'autres mouvements sociaux du même type, l'économie qui se pète la gueule et les scandales électoraux, d'assassinats et d'abus de bien sociaux qui se multiplient, le monolithe commence à avoir deux camps en interne : la vieille garde qui ne veut absolument rien changer et un camp nouveau qui voudrait que, quand même, on nettoie (un peu) la situation.

Le livre se termine au 1er janvier 1996 par un des communiqués zapatistes essentiels : la première déclaration de "La Realidad" contre le néolibéralisme et pour l'humanité, qui est à mettre aux coté des 6 Déclarations de la Jungle Lacandone pour former le corpus du manifeste zapatiste. Je reviendrai sur ces 7 documents dans le prochain billet.

Les accords de San Andres ont vu un premier progrès véritable le 16 février 1996, quand l'EZLN et le gouvernement ont signé la première phase des accords, comprenant les points suivants : respect et reconnaissance des cultures indigènes, préservation des ressources naturelles, participation accrue des indigènes aux organes de décision.gouvernement, plus d'autonomie etc. Au final, le gouvernement n'a pas respecté ses accords et a continué à accomplir des actions néfastes pour les accords (infiltration de paramilitaires, financement des "gardes blanches" sortes de milices locales, etc.)
Le 29 août 1996, par contre, l'EZLN a refusé de continuer les discussions tant que le gouvernement respecterait pas un certain nombre de points : le respect des accords signés, la libération des gens accusés de "zapatisme", etc. Au final, et après une ultime tentative par une organisation de transformer les accords en loi, l'initiative a été rejetée par le gouvernement, mettant fin au processus de paix.
En 2001, un président qui n'était pas du PRI est élu, mettant fin à la domination du système parti-état. Il s'agit de Vicente Fox, du PAN (droite). Malgré ce qui pourrait être cru, rien n'a changé pour les revendications de l'EZLN, et les agressions ont continué.
En 2003, l'EZLN a mis en place les caracoles (escargots), qui sont 8 communes mexicaines autonomes fonctionnant selon les principes politiques de l'EZLN : démocratie participative ("commander en obéissant"), etc. Elles sont encore là aujourd'hui mais sinon, les progrès au sein de la société mexicaine dans son ensemble sont encore lents. Récemment, après deux mandat du PAN, c'est le PRI qui est revenu aux commandes...

Il n'y a pas d'autre volumes (en anglais, apparemment, il existe une compil couvrant la période 1994-2004). L'EZLN a continué ses communiqués jusqu'à aujourd'hui, bien que Marcos aie laissé sa place comme porte-parole le 25 mai 2014, déclarant dans une lettre que celle-ci était sa dernière apparition publique, que la personnalité de Marcos avait été un hologramme et que l'EZLN n'avait plus besoin de son image. La lettre était signée du nom "Sous Commandant Insurgé Galeano", qui est décédé quelques jours plus tôt...